C’est l’une des conséquences de la crise sanitaire: l’année dernière, plus du tiers des travailleurs du secteur privé et de la moitié des travailleurs indépendants qui ont pris leur pension l’ont fait avant d’avoir atteint l’âge légal (65 ans). C’est l’horeca, secteur le plus touché par le coronavirus, qui enregistre le taux le plus élevé de prépensionnés: près de 7 indépendants sur 10 qui ont pris leur pension en 2020 l’ont fait avant l’heure.
Ces chiffres sont issus d’une analyse effectuée par Acerta, sur la base des données de 280.000 travailleurs et de 210.000 indépendants. La hausse par rapport à 2019 est de 11,6% chez les salariés et de 3,9% chez les indépendants. Le prestataire de services RH pointe un évident effet crise du covid puisque les conditions de départ à la pension n’ont pas changé entre-temps.
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"Des collaborateurs qui, dans des circonstances normales, seraient restés au travail un peu plus longtemps ont tout de même décidé de prendre leur pension un peu plus tôt au lieu de prester l’année ou les années restante(s), et ce, en raison des fermetures forcées, du travail à domicile, de la peur d’emprunter les transports publics et du fait qu’ils étaient des personnes à risques", détaille Olivier Marcq, juriste chez Acerta, dans un communiqué.
Se poser les bonnes questions
Le départ à la pension est une étape importante. Si l’âge légal de la pension et la pension anticipée sont les points d’ancrage, il existe une large marge de manœuvre entre les deux, rappelle l’expert. Il invite d'ailleurs à réfléchir et à se poser certaines questions avant de prendre une décision. Dans quelle mesure est-ce que je veux/je peux rester actif? Qu’est-ce que cela m’apportera? Et surtout, quel sera l’impact de ma décision sur le montant de la pension? Ou encore: pourrais-je rester actif après mon départ à la retraite?
Pour les indépendants, comme il s’agit de quitter une entreprise qu’ils ont créée et portée à bout de bras, cela retarde souvent le passage à l’acte.
Le crédit-temps de fin de carrière: une sortie en douceur
Un employeur doit, lui aussi, tenir compte du départ d’un collaborateur en temps utile. Une sortie progressive ménage plus de possibilités d’organiser la transition. C'est par exemple le cas si le travailleur opte pour un crédit temps de fin de carrière (à mi-temps ou à temps plein) à partir de 60 ans et à condition d’avoir suffisamment d’années de carrière.
L'épargne-carrière
Dans certains secteurs, l’épargne-carrière constitue désormais une autre option. Dans ce cadre, les travailleurs peuvent accumuler des droits à des jours de congé (extralégaux, récupérations, heures supplémentaires) et les utiliser pour partir plus tôt en fin de carrière. "L’épargne-carrière est le système qui autorise le plus de flexibilité et d’autonomie, mais il nécessite un certain suivi administratif et une planification à long terme", explique le spécialiste d’Acerta.