Les jeunes attendent de plus en plus d’avoir terminé leurs études, d’avoir dégoté un job ou de fonder une famille pour passer leur permis et faire l’acquisition d’un véhicule (ou utiliser un véhicule de société), révélait en mars dernier l’Institut bruxellois de Statistique et d’Analyse. Raisons avancées: le coût élevé d’achat et d’usage d’un véhicule (entretien, taxes, assurances, carburant, parking), les embouteillages et une prise de conscience des enjeux environnementaux. L’Institut se hasardait même à cette conclusion: désormais, les jeunes investissent prioritairement dans la communication électronique (smartphone, ordinateur, connexion internet, etc.). Conclusion totalement validée et affinée par les observateurs et experts de terrain que nous avons interrogés.
De l’automobile au mobile
"La baisse (-10%) du nombre de jeunes qui passent le permis à Bruxelles est un élément très significatif. Les 25-30 ans n’ont pas un désintérêt pour la voiture mais bien pour la possession d’une voiture", constate Xavier Tackoen, directeur du bureau d’études Espaces-Mobilité. "Alors que l’offre de mobilité s’étoffe, on assiste à un glissement de l’automobile vers le mobile: le smartphone est devenu la clé d’accès à n’importe quel moyen de transport, en un clic", décrypte l’expert.
"L’avenir est au transport multimodal et aux solutions flexibles et les jeunes en sont les meilleurs ambassadeurs, embraye Danny Smagghe, porte-parole de Touring. Aujourd’hui, le défi consiste à rendre les moyens de transport alternatifs aussi flexibles et faciles que la voiture".
Jeu Maestromobile
Les lundi 19 et mardi 20 septembre, à l’occasion de la semaine de la mobilité, sera organisé un grand jeu urbain interentreprises: Maestromobile.
- Le principe? En une demi-journée, les 80 équipes devront rallier 10 lieux dans Bruxelles en utilisant un maximum de moyens de transports.
- L’objectif? Tester les solutions de mobilité, notamment en exploitant le potentiel des applications pour une mobilité 2.0., avec un impact minimum sur l’environnement.
- 5 critères départageront les équipes: le nombre de moyens de transports différents utilisés, la durée totale du trajet, le respect du budget alloué, l’impact environnemental le plus réduit et les points gagnés lors de défis.
Pour valider ces dires, petit coup de sonde dans les milieux universitaires, vivier de jeunes. Alexandra Demoustiez, responsable du service Environnement et mobilité à l’ULB, qui a réalisé une étude auprès des étudiants, a effectivement observé un changement radical des comportements en dix ans (2005-2015). La part modale de la voiture individuelle pour se rendre sur le campus a chuté de 24 à 9%, tandis que l’utilisation des transports en commun a bondi à 59% (+ 39%). La marche conserve 15 à 20% d’adeptes, mais le vélo reste plus confidentiel (de 4 à 5,5%). "Aujourd’hui, les étudiants sont totalement dans le partage et l’inter-modalité. Car ce qu’ils recherchent, c’est la flexibilité maximale! Partir boire un verre en ville en transports en commun, revenir en taxi collectif ou à vélo, par exemple. Et pouvoir décider au moment même."
"Les services de voitures partagées (style Cambio) ont du succès mais sont quand même encore trop contraignants à leurs yeux car le véhicule doit être ramené à une borne", ajoute-t-elle.
Si dans les statistiques de l’ULB le covoiturage stagne (autour de 1,5 à 2%), cela ne reflète sans doute pas la réalité, estime Alexandra Demoustiez. "Les étudiants s’organisent principalement entre eux, de façon informelle et passent très peu par la plateforme d’entreprise de l’ULB (Commuty)".
Par contre, pour des déplacements extra-muros, le covoiturage est très apprécié. La plateforme BlaBlaCar s’est associée notamment au Dour Festival en offrant des parkings gratuits prioritaires à ses utilisateurs. Effet immédiat: une hausse de 72% des trajets en direction de Dour a été enregistrée durant la semaine du festival.
Aux yeux d’Alexandra Demoustiez, pour les déplacements dans la ville, "les nouveaux services en free floating comme Zipcar ou Drive Now (lire ci-dessous) vont littéralement faire exploser la demande, au même titre que les formules de type Airbnb (location/partage de voitures particulières)."
Dernière confirmation de cette tendance lourde: à l’occasion d’un coup de sonde effectué en septembre 2015 par Touring auprès d’un millier de 18-35 ans, 25% ont déclaré utiliser le carpooling (comme conducteur ou comme passager) une fois par semaine. Chez les 21-25 ans, le nombre d’adeptes réguliers grimpe à 32%.
Les voitures partagées en free floating
"LA" nouveauté — si pas la révolution —, ce sont les systèmes de voitures partagées en free floating, dont l’argument imparable est qu’ils offrent une flexibilité quasi équivalente à celle d’une voiture personnelle. Après Drive Now (arrivé à Bruxelles en juillet), Zip Car met à disposition depuis mercredi 250 véhicules dans 16 des 19 communes de la Région bruxelloise et jusqu’à l’aéroport de Zaventem.
Une fois inscrit au service (gratuit jusqu’au 30.10 chez Zipcar, 4,99 euros + 15 minutes gratuites chez Drive Now), une appli mobile (disponible sur iOS ou Android) permet de localiser la voiture la plus proche, de la réserver 15 min à l’avance, de l’ouvrir et de démarrer. À la fin du trajet, on la gare où on veut gratuitement. Pour mettre fin à la location, il suffit de fermer la voiture avec l’appli ou une carte de membre. Tarification à la minute: environ 25 cents chez Zipcar, 33 cents chez Drive Now, tous frais compris (parking, entretien, taxes, assistance, carburant).
Les alternatives
Même si vos enfants ne sont pas encore en âge d’utiliser une voiture, vous n’êtes pas obligé pour autant de jouer au taxi de jour comme de nuit. Ils vont boire un verre en ville ou sortent en boîte, mais n’ont bien sûr aucune idée de comment ils vont rentrer, ni (accessoirement) à quelle heure? Pour éviter les faux bons plans du genre "T’inquiète, Guillaume me ramènera en voiture ou, s’il faut je prends le premier train/tram demain matin!", sachez que les transports en commun ont aussi innové et proposent des alternatives "safe" et peu coûteuses. Que ce soit pour les déplacements scolaires, les activités culturelles et sportives en journée ou pour les sorties en soirée et de nuit.
Pour les week-ends entre potes et les déplacements à travers la Belgique, le train offre également des formules à prix sympas.
- Le taxi Collecto
En Région bruxelloise, le service de taxis collectifs Collecto est disponible tous les jours entre 23h et 6h du matin, à partir de 200 points de départ dans la capitale (situés à des arrêts STIB). La majorité des clients du service sont des jeunes âgés de 16 à 25 ans et des travailleurs de nuit.
Le principe est simple: il suffit de réserver sa course au moins 20 min. l’avance (par une appli smartphone ou au 02/800.36.36) et de communiquer l’arrêt où vous souhaitez embarquer, le nombre de personnes, l’heure (fixe ou trente) et la destination de la course. Le taxi viendra vous prendre à l’heure convenue et vous déposera devant la porte de votre domicile, pour le tarif de 6 euros par personne (5 euros pour les usagers de la STIB qui ont un abonnement ou une carte MOBIB). Sur le trajet, le taxi embarquera et débarquera probablement d’autres passagers, ce qui occasionnera juste d’éventuels légers détours.
- Les bus Noctis de la STIB
Pour les retours moins tardifs, après un spectacle, un petit resto ou un dîner chez des amis, le service de bus Noctis de la STIB – attention, il est organisé uniquement le week-end — est une bonne solution à petit prix. Outre le prix du trajet en voiture, vous éviterez le prix des parkings. Les nuits du vendredi au samedi et du samedi au dimanche, de minuit à trois heures, onze lignes spéciales relient la gare centrale à tous les coins extérieurs de la capitale suivant un réseau en étoile, à raison d’un départ toutes les demi-heures. Le tarif est identique à celui pratiqué de jour par la STIB et tous les titres de transports peuvent être utilisés.
- Le train (pour les -26 ans)
Le Go Pass 1 permet de faire n’importe quel trajet en Belgique pour 6 euros.
Le Go Pass 10 est une carte de 10 voyages (valable 1 an) pour n’importe quel trajet en Belgique. Elle coûte 51 euros et peut être partagée par plusieurs personnes. Idéal pour un déplacement entre amis.
La carte Campus comprend un abonnement nominatif (valable 5 ans) sur un trajet fixe. Son pass rechargeable permet d’effectuer 10 trajets alternatifs (départ/destination) sur une période de 49 jours. Prix fonction de la distance (Bruxelles-Nivelles: 8,2 euros).