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J'organise mon propre plan mobilité

Si les systèmes "cash for car", "budget mobilité" ou "plan cafétéria" ne vous concernent pas (encore) mais que vous êtes pressé de vous débarrasser de votre voiture, voici des alternatives pour vos futurs déplacements, ainsi que le budget à prévoir.
©Vincent Dubois

Depuis son lancement le 1er mai 2018, le système "cash for car" (aussi appelé "allocation de mobilité" et lancé par le gouvernement fédéral dans une tentative de réduire le nombre de voitures sur nos routes) peine à séduire: d’après les premiers chiffres du prestataire de services de RH SD Worx, seules vingt-deux entreprises y recourent jusqu’à présent, pour un total de vingt-trois voitures de société restituées!

Pour rappel, ce système permet aux travailleurs qui disposent d’une voiture de société de l’échanger contre un montant en espèces soumis à un traitement social et fiscal avantageux. "Le montant obtenu en échange doit alors être affecté en priorité au financement des déplacements domicile-lieu de travail, vu que l’employeur n’intervient plus du tout dans ces dépenses", prévient SD Worx.

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Parallèlement, le gouvernement s’apprête à lancer un autre système: le "budget mobilité". "Celui-ci est accessible non seulement aux travailleurs qui disposent d’une voiture de société, mais aussi à ceux qui entreraient en ligne de compte pour en recevoir une." Avec ce budget (qui correspond à la valeur intégrale du leasing d’un véhicule), le travailleur pourrait opter pour des moyens de transport plus respectueux de l’environnement ou pour une voiture plus petite, à combiner avec les transports en commun.

"Les travailleurs reçoivent ainsi la liberté de choix et les moyens financiers nécessaires pour décider du ou des moyen(s) de transport qu’ils utilisent pour se rendre au travail", selon les experts de SD Worx. Cette mesure offre plus de flexibilité.

Ceci dit, les entreprises peuvent déjà mettre en place ce système via un "plan cafétéria". Ce concept, budgétairement neutre pour l’employeur, consiste à laisser les employés constituer eux-mêmes leur package salarial sur la base de leurs besoins et de leurs préférences personnelles. Par exemple, un employé peut "échanger" des jours de congés extra-légaux (parce qu’il estime qu’il en a assez) contre un budget qui sera entièrement consacré à l’acquisition d’un vélo électrique.

Revendre sa voiture

Vous n’avez pas de voiture de société et votre employeur n’a pas encore opté pour un plan cafétéria mais pour des raisons environnementales et/ou financières, vous souhaitez vous débarrasser de votre voiture. Bon ou mauvais plan?

Pour répondre à cette question, partons d’un cas concret. Le ménage d’Alice (prénom d’emprunt) compte deux voitures dont une qui roule très peu. "Cette voiture qui dort la plupart du temps dans le garage est est un actif sous-utilisé dont je peux me passer", explique-t-elle.

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ll s’agit d’une Volkswagen Polo qui n’a que 30.000 km au compteur et qui a été achetée 14.000 euros en 2013. "Un garagiste propose de me la reprendre à 8.000 euros, je peux donc espérer la vendre 9.000 euros à un particulier, ce qui devrait être assez pour me créer mon propre buget mobilité."

De fait, Alice envisage de réorganiser complètement ses déplacements. "Je compte me rendre au travail à vélo électrique pliable et/ou en transports en commun. Ce vélo me servira aussi pour des déplacements proches de chez moi. Si je dois faire de grosses courses ou des navettes pour mes enfants, j’utiliserai notre autre voiture. S’il me faut impérativement une autre voiture occasionnellement, je louerais sans doute une voiture partagée ou je commanderais une course ‘Uber’".

1. En périphérie bruxelloise

Actuellement, Alice habite à Beersel, à une quinzaine de kilomètres de son lieu de travail (alors qu’un Belge sur deux habite à moins de 10 km de son travail). Quels seront ses gains et ses dépenses si elle renonce à sa voiture?

→ Gains

La vente de sa voiture signifie qu’elle économisera mensuellement 55 euros d’assurance et 60 euros de carburant. Le montant de son assurance n’était pas très élevé car elle avait souscrit un contrat d’assurance au kilomètre.

Fini aussi la taxe de circulation annuelle de 230 euros. Sur une base mensuelle (hors vente de son véhicule), Alice récupérera donc 135 euros par mois.

Et ce n’est pas tout! Si Alice décide effectivement de se rendre le plus souvent possible au travail à vélo, elle touchera probablement une compensation. En effet, un employeur peut récompenser ses travailleurs pour chaque kilomètre parcouru dans le cadre de leurs déplacements domicile-travail ou pour ceux purement professionnels. Mais il ne s’agit absolument pas d’une obligation (à moins qu’une convention collective de travail sectorielle n’en décide autrement). Cette indemnité s’élève à 23 cents par kilomètre parcouru effectivement.

En partant du principe qu’Alice fait la majorité de ses déplacements domicile-lieu de travail à vélo, elle pourra gagner potentiellement jusqu’à 1.380 euros par an (0,23 eurox 30 km x 200 jours) ou 115 euros par mois.

En résumé, Alice a à sa disposition un budget mobilité (hors vente de son véhicule) d’environ 250 euros par mois (ou 3.240 euros par an).

→ Dépenses

Alice a désormais besoin d’un vélo. Dans ce domaine, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Pour Renaud De Bruyn, membre de l’ASBL Ecoconso, le prix d’un bon vélo électrique tourne en moyenne autour des 2.000 euros. "Il peut grimper jusqu’à 2.700 euros mais au-delà, on arrive dans le haut de gamme. Par contre, en dessous de 2.000 euros, on est face à des vélos qui bénéficient d’une belle promotion ou qui sont moins intéressants."

Elle souhaite justement acquérir un vélo électrique de qualité. Mais celui-ci doit aussi être pliable (de manière à pouvoir l’emporter dans les transports en commun si nécessaire). Dans ce cas, elle peut par exemple se tourner vers les vélos belges Ahooga (à partir de 2.099 euros).

De son côté, Brompton, le leader du vélo pliable, compte lancer son modèle électrique avant la fin de l’année en Belgique. À priori, il faudra tabler sur un budget de 2.800 euros pour un modèle de base. Prenons donc une moyenne: Alice achète un vélo à 2.450 euros.

Comme elle n’est pas certaine de faire l’intégralité du trajet domicile-lieu de travail à vélo tous les jours, elle souhaite avoir un abonnement de train. Pour un trajet de 12 km, l’abonnement annuel revient à 608 euros. Cependant, pour les déplacements effectués en train, son employeur est légalement tenu d’intervenir: soit à hauteur du minimum légal, soit une intervention supérieure, qu’il est libre de fixer et qui peut aller jusqu’à la gratuité.

En moyenne, un employeur intervient à hauteur de 75% du prix de l’abonnement. Dans ce cas, Alice ne paierait que 152 euros par an pour prendre le train.

Verdict

À ce stade-ci, nul besoin d’aller plus loin dans le raisonnement, Alice est gagnante sur toute la ligne. Alors que son vélo sera financé par la vente de sa voiture, elle dispose d’un budget de 3.000 euros par an pour financer son abonnement de train (152 euros/an), l’utilisation exceptionnelle d’une voiture partagée ou le recours à une course Uber. "Du centre-ville de Bruxelles jusqu’à chez moi, la course me coûte entre 20 et 28 euros."

Bien sûr, elle devra financer quelques accessoires pour son vélo (un casque, un cadenas, etc.), ainsi que l’entretien et l’assurance de son vélo, mais sa réserve mensuelle est largement suffisante pour assurer de telles dépenses.

Enfin, Alice pourrait ne pas toucher aux 9.000 euros provenant de la vente de sa voiture. De nombreuses banques proposent un financement à des taux très bas. Il existe même un financement à 0% chez certains fabricants.

2. À Bruxelles

Si Alice habitait en Région bruxelloise, la décision de renoncer à sa voiture pourrait être encore plus intéressante financièrement.

De fait, les Bruxellois qui renoncent à leur voiture bénéficient d’une prime vélo (avec ou sans assistance électrique): la prime Bruxell’air.

En pratique, si Alice se sépare de sa plaque d’immatriculation et de sa voiture, elle a le choix entre deux avantages: soit un abonnement pour les transports en commun cumulé à un abonnement d’un an à Cambio Start (frais d’activation et abonnement mensuel de ce système d’auto partagée), soit le même abonnement Cambio Start cumulé à une prime vélo de 505 euros maximum.

Si Alice habite à Jette, elle pourrait profter d’une prime supplémentaire. La commune offre à ses citoyens une prime qui correspond à 15% du prix d’achat avec un maximum de 150 euros pour les vélos électriques (et de 300 euros pour les vélos cargo).

Comme son employeur rembourse (comme dans le premier cas) une partie de ses déplacements en transports en commun, elle opte pour la deuxième formule. Par ailleurs, en habitant Bruxelles, elle a accès à davantage de solutions rapides et simples pour sa mobilité, notamment les voitures, les vélos, les scooters, et même, les trottinettes partagées.

3. En Wallonie

Au sud du pays, il est aussi possible de bénéficier d’une ou plusieurs primes pour l’achat d’un vélo. Cependant, il ne s’agit pas d’une prime régionale: seules quelques communes et la Province du Brabant wallon proposent des primes qui peuvent être cumulables et dont les montants varient entre 50 et 200 euros. La liste est disponible via ecoconso.be.

Pour en revenir au cas d’Alice, peu importe où elle habite en Wallonie et peu importe où se trouve son lieu de travail, elle pourra en principe aussi cumuler les avantages du vélo pliable électrique et d’un abonnement de train partiellement financé par son employeur.

Si pour des raisons de distances, elle doit absolument prendre le train pour se rendre au travail, en cas de grève, elle pourra toujours compter sur les nombreuses solutions de covoiturage. Ou télétravailler (si son job le permet bien entendu).

Conclusion

Changer de plan de mobilité est souvent possible. Le jeu en vaut vraiment la chandelle. C’est non seulement un important gain financier, un gain pour votre santé (selon des experts médicaux, 30 minutes de vélo par jour permettraient de diminuer les risques cardiovasculaires par deux, ainsi que les risques d’obésité et d’hypertension), un gain pour la planète (car vous réduisez vos émissions de gaz à effet de serre) et enfin, selon les cas, un sérieux gain de temps!

Pour rappel, un quart des travailleurs qui se rend au travail en voiture est coincé dans les bouchons tous les jours, selon une étude menée par iVox auprès de 2.000 travailleurs pour le compte de SD Worx. Un autre quart des répondants à cette enquête déclare être pris dans les embouteillages plusieurs fois par semaine.

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