Votre téléphone sonne à peine deux fois. Vous manquez donc l’appel. Sans prêter attention au numéro qui vient tout juste de vous contacter, vous le rappelez. Grosse erreur, car il pourrait s’agir d’une fraude "wangiri" (également appelée "one ring") en provenance d’un pays étranger.
Le 7 décembre 2020, le portail fédéral Safeonweb a indiqué qu’il recevait de plus en plus de messages de victimes ayant été contactées par des numéros internationaux inconnus, dont certains proviendraient de Syrie.
Fraude
Concrètement, lorsque vous rappelez certains numéros, il arrive que vous tombiez sur un répondeur qui vous demande de patienter, ou sur un appel à l’aide ou sur un message vous annonçant que vous êtes le grand gagnant d’une tombola. Ces messages ont été spécialement conçus pour vous garder en ligne le plus longtemps possible. Comme ils sont payants, ils ont pour conséquence immédiate de faire grimper en flèche votre facture mobile.
De plus, ce type de fraude est parfois combiné à du phishing: dans ce cas, lorsqu’on rappelle, le correspondant décroche et essaie de soutirer des informations personnelles et bancaires.
Pour éviter ce type de fraude, prenez toujours la peine de vérifier le préfixe du numéro inconnu qui vient de vous contacter.
Pour éviter ce type de fraude, prenez toujours la peine de vérifier le préfixe du numéro inconnu qui vient de vous contacter.
"Ce genre de fraude existe depuis de nombreuses années et se poursuit puisqu'elle fonctionne et est relativement facile à mettre en œuvre depuis des pays où aucune régulation télécoms n’existe", explique Coralie Miserque, la porte-parole de Base.
Chez cet opérateur, les fraudes répertoriées proviennent principalement du Burundi (+257), de Syrie (+963), de Guinée (+224), de Papouasie-Nouvelle-Guinée (+675), du Royaume-Uni (+44) et de Malaisie (+60).
Du côté d’Orange, Younes Al Bouchouari, son porte-parole, indique que les derniers cas relevés provenaient de numéros appartenant aux préfixes suivants : Tonga (+676), Iles Salomon (+677), Vanuatu (+678), Fidji (+679) et Samoa (+685).
Cela dit, Base indique ne pas constater une recrudescence de cas de fraude pour le moment, "contrairement à d’autres pratiques comme le smishing", prévient Coralie Miserque. Et à ce propos, depuis le 10 décembre 2020, vous pouvez envoyer vos SMS suspects en capture d’écran à suspect@safeonweb.be. De cette manière, le lien malveillant contenu dans ce SMS sera directement bloqué.
Que font les opérateurs?
Chez Base, dès qu’il y a une plainte concernant un numéro douteux, l’opérateur enquête sur celui-ci en vue de définir s’il s’agit bel et bien d’une fraude. S’il s’avère que c’est le cas, ce numéro est directement bloqué pour les appels sortants et entrants. "Il devient donc impossible pour nos clients d’appeler vers ce numéro, ce qui empêche la mauvaise surprise d’une surtaxe sur leur facture", précise Coralie Miserque.
Les clients d’Orange sont également invités à prendre contact avec leur opérateur. "Nous agissons proactivement pour contrer ce type de fraude en nous basant sur notre système de détection de fraude", précise Younes Al Bouchouari. "Le réseau est monitoré 24h/24 et, sur la base de critères de détection confidentiels, le système génère des alarmes. Les numéros frauduleux détectés sont rendus invisibles pour le client, qui ne peut, de ce fait, les rappeler et évite ainsi un éventuel dommage financier."
Proximus surveille ces pratiques frauduleuses et bloque les numéros concernés, sur ses réseaux fixe et mobile, dès que la fraude est avérée. "Nous prenons donc rapidement et systématiquement les mesures de protection nécessaires pour en limiter la portée. À titre d’exemple, nous avons ces derniers jours détecté et bloqué en rappel une série de numéros qui cadraient parfaitement dans ce profil d’action. Mais comme les fraudeurs changent fréquemment de numéro, certains glissent toujours, malgré tout, entre les mailles du filet", prévient Haroun Fenaux.
Depuis 2016, via l’intermédiaire de l’IBPT (le régulateur des télécoms), un échange d’informations au sujet de ces numéros frauduleux a été mis en place entre les opérateurs afin de les bloquer plus rapidement pour l’ensemble de la population belge.
En pratique, chaque opérateur communique à l’IBPT, via un canal spécifique, les cas de Wangiri. L’IBPT avertit alors tous les opérateurs afin qu’ils prennent chacun des actions pour bloquer ces numéros appelants.
Que pouvez-vous faire?
"Il est conseillé d’être vigilant et de jamais rappeler les numéros qui semblent suspects", rappelle Younes Al Bouchouari d’Orange. Par exemple, ceux qui commencent par "00" ou qui sont plus longs que les numéros nationaux. À ce propos, les préfixes des pays exotiques sont les plus à risque (même si certains cas proviennent de numéros européens), et commencent généralement par +2xxx (Afrique) , +6xxx et +8xxx (Asie, Océanie), attention cependant à certains numéros +44 (Grande-Bretagne) ou satellites (+88).
Il n’y a pas de surcoût à la réception d’un appel, mais bien lorsque l’on rappelle le numéro d’appel international manqué.
D’ailleurs, si vous doutez de la fiabilité d’un numéro, le second réflexe à avoir consiste à saisir le numéro dans un moteur de recherche afin de vérifier si celui-ci n’a pas déjà été signalé. Dans un autre genre, le site "numeroinconnu.fr" permet de vérifier qui a appelé et, le cas échéant, de voir s’il s’agit d’un numéro frauduleux.
Le porte-parole de Proximus ajoute que les particuliers peuvent également signaler le numéro au Point de Contact ainsi qu’à la police, car seules les instances judiciaires sont en mesure de lutter activement contre les fraudeurs.
Sur certains téléphones, il est possible de bloquer des numéros (voir ci-dessou). "Mais vu que les fraudeurs changent souvent de numéro, Proximus préfère s’attaquer à ce problème au niveau du réseau afin de protéger directement tous ses clients."
Il faut savoir qu’il n’y a pas de surcoût à la réception d’un appel, mais bien lorsque l’on rappelle le numéro d’appel international manqué. Proximus invite donc ses clients à être extrêmement prudent et de ne jamais rappeler des numéros internationaux qu’ils ne connaissent pas, conclut Haroun Fenaux.
Appels intempestifs, télémarketing, harcèlement, fraude, escroquerie, il existe un tas de raisons pour limiter certains appels entrants. Quelques conseils.