L’indisponibilité d’une série de réacteurs nucléaires, conjuguée à une claire tendance à la hausse des prix de marché de l’énergie, dont le gaz, mais aussi du CO2, va peser lourdement sur la facture d’électricité et de gaz des ménages.
Pour se faire une idée de l’impact potentiel sur les factures, il suffit de regarder l’évolution des prix pour ceux qui sont obligés de renouveler leur contrat.
Tout dépend bien entendu du type de contrat dont on dispose. "À ce jour, 63% des ménages disposent de contrats d’électricité à prix fixes. Ils sont donc ‘protégés’ contre la hausse des prix jusqu’à l’échéance du contrat", souligne la Creg, le régulateur fédéral du secteur de l’énergie. Et pour les particuliers qui disposent d’un contrat à prix variable, la hausse ne va se faire sentir que progressivement, et dépendra aussi de l’évolution des prix dans les prochains mois.
Pour se faire une idée de l’ampleur de l’impact potentiel sur la facture, il suffit toutefois de regarder l’évolution des prix pour ceux qui sont obligés de renouveler leur contrat maintenant.
Et l’augmentation est sérieuse: chez Mega, pour un ménage qui consomme 3.500 kWh d’électricité par an, un contrat à prix fixe signé aujourd’hui signifie 125 euros de plus, sur l’année, qu’il y a un an. Chez EDF Luminus, toujours pour un contrat à prix fixe, la hausse est de 106 euros par rapport à il y a un an. Chez Eneco, elle est de 110 euros pour un client qui dispose d’un compteur simple, et de 117 euros pour un client qui dispose d’un compteur bihoraire.
Un ordre de grandeur que confirme Lampiris, qui était toujours occupé hier dans la journée à finaliser ses fiches tarifaires pour le mois d’octobre. "Début septembre, les prix sur le marché de gros étaient de quelque 60 euros par MWh, contre 30 euros par MWh il y a un an. Ce qui signifie une hausse de 105 euros pour un ménage type. Et durant le mois de septembre, les prix ont encore augmenté de 15%." De quoi arriver, donc, à 120 euros d’augmentation annuelle pour ceux qui doivent conclure un nouveau contrat maintenant.
Electrabel fait un autre calcul: sur l’année 2018, l’évolution de la composante énergie, qui représente en moyenne 27% de la facture, devrait conduire à une hausse du coût total de l’électricité de 52 euros, TVA comprise. Une estimation qui permet de se faire une idée de l’ampleur de la hausse pour les contrats à prix variable qui vont recevoir leur décompte en fin d’année.
Le gaz flambe aussi
Ce qui a jusqu’ici échappé à beaucoup, c’est que le même phénomène touche également la fourniture de gaz. Et son impact va être plus douloureux encore pour un ménage moyen. Là, les indisponibilités dans le nucléaire ne jouent pas. Il s’agit simplement de l’envolée des prix sur les marchés. Les prix sont actuellement exceptionnellement élevés, alors que les premiers vrais froids ne se sont pas encore fait sentir. En cause: une économie mondiale qui tourne bien, un pétrole en hausse, les efforts de l’Europe pour décourager le charbon, conjugués à la volonté de la Chine de se tourner aussi vers des énergies plus propres pour diminuer la pollution dans ses villes.
Si l’on prend l’indice TTF103, fréquemment utilisé dans les contrats des fournisseurs d’énergie, le mois de septembre s’est clôturé sur un prix moyen de 21,746 euros par MWh, contre 14,969 euros un an plus tôt, soit une augmentation de 45%.
Là aussi, les nouveaux contrats permettent de se faire une idée de l’impact de cette hausse des prix sur la facture des ménages. Pour un ménage qui se chauffe au gaz et consomme 23.260 kWh par an, la formule tarifaire pratiquée actuellement par Eneco signifie une augmentation de la facture de 161 euros par rapport à la formule tarifaire d’il y a un an.
Chez Mega, pour un contrat de gaz à prix fixe signé aujourd’hui, l’augmentation atteint même 259 euros sur un an. EDF Luminus annonce une augmentation de 147 euros en Wallonie pour ses contrats à prix fixes, et de 150 euros pour ses contrats à prix variable. Mais il s’agit de chiffres pour une consommation de 15.000 kWh par an. Pour une consommation type de 23.260 kWh, qui est la référence européenne, on arrive donc à 228 euros pour les contrats à prix fixe et à 233 euros pour les contrats à prix variable.
Là encore, Electrabel préfère raisonner en année civile: l’entreprise chiffre à 113 euros, TVA comprise, l’impact de la hausse de la composante énergie sur la facture de gaz d’un ménage moyen qui recevra son décompte en fin d’année.
Mais si l’on se focalise sur les nouveaux tarifs d’octobre, la hausse potentielle sur l’ensemble de la facture de gaz et d’électricité est donc comprise entre 270 et 400 euros.