Aujourd’hui on n’épargne plus, on investit! Plus exactement, c’est ce qu’il conviendrait de faire. Or, entre épargner et investir, il y a une marge et surtout, une différence d’approche de la gestion de l’argent. Cela obligera forcément certains à se faire un peu violence.
Mais à vrai dire, n’y est-on pas déjà préparé psychologiquement? Le ton a été donné en 2019 et même avant: pour faire fructifier son argent, et même tout simplement pour éviter d’en perdre, il faut désormais sortir du bois, prendre des risques et, souvent, voir à beaucoup plus long terme et donc savoir patienter.
Le petit épargnant lambda sera de ce fait davantage confronté à des produits qu’il ne connaît pas, à des horizons plus lointains et à des solutions qu’il n’envisageait pas. Tout un programme, dont nous vous proposons de découvrir les points clés.
Le contexte
L’épargne ne rapporte plus rien depuis des années. Les taux négatifs sont déjà une réalité pour les gros clients des banques (institutionnels, entreprises). Les petits épargnants restent encore (provisoirement) à l’abri puisque les banques accordent toujours – de plus en plus bien malgré elles — un taux minimum de 0,11% sur les livrets d’épargne, comme la loi les y oblige. Quelques-unes sont un peu plus généreuses. Parmi elles, MeDirect, "qui offre quand même 5 fois plus (0,55%), souligne son CEO, Philippe Delva. En 11 mois, 14.500 comptes ont été ouverts". La petite banque par internet s’apprête d’ailleurs à lancer "un compte d’épargne destiné aux jeunes qui n’ont pas nécessairement un capital à déposer mais qui ont des revenus et sont capables d’épargner tous les mois. Le ‘Monthly Max’ offrira un taux de 0,70% sur des versements limités à 500 euros par mois", explique son patron.
Un mot d’ordre très clair revient dans tous les discours: plus que jamais, il faut diversifier!
Mais toujours pas de quoi compenser l’inflation. Si vous placez votre argent sur un livret, votre pouvoir d’achat s’érode immanquablement. Pour autant, le compte d’épargne n’a pas perdu sa raison d’être. Il est en effet indispensable de conserver une réserve directement disponible équivalente à 3 à 6 mois de salaire.
Mais pour le solde, les spécialistes sont unanimes: la nouvelle façon d’épargner, c’est investir. Car la période des taux anémiques est appelée à durer!
Le risque (mesuré) pour seule alternative
Du côté des alternatives, cela ne s’est pas trop mal passé cette année. "Contrairement à ce qui avait été redouté, globalement, tous les types d’actifs ont effectué un assez beau parcours en 2019. C’est rassurant et inquiétant à la fois, reconnaît Corentin Minne, cofondateur de Pareto Financial planning. Mais peut-on légitimement espérer un second cru consécutif du même acabit?"
Wim D’Haese, Head of Investment Advice chez Deutsche Bank, reste raisonnablement optimiste et balise les attentes. "Certes, les actions ont fort monté en 2019, mais la persistance des taux anémiques combinée à l’accélération attendue de la hausse des bénéfices des entreprises (qui, eux, ont ralenti cette année) devrait soutenir le cours des actions. Outre l’évolution des cours, c’est principalement le dividende qui assurera l’essentiel du rendement", pronostique-t-il.
"Il n’empêche, tout le monde se demande un peu ce qui va déraper en 2020, observe Corentin Minne. Alors quelle attitude adopter dans un tel contexte?" "Surtout, restez investi, conseille Wim D’Haese. Il faut éviter de vendre et de se retrouver avec du cash. Et être conscient qu’on est entré dans une nouvelle réalité qui va persister, et qui impose de revoir la façon d’allouer les actifs disponibles".
Car oui, aujourd’hui, il est de plus en plus difficile de dénicher des poches de rendement. "Les gens sont convaincus qu’il est possible d’obtenir du 4%… mais ils ne sont pas prêts à prendre des risques. Viser 3 ou 4% est parfaitement crédible, à condition de renoncer à l’idée que l’on récupérera nécessairement son capital un an plus tard", cadre Wim D’Haese.
→ Obligations
Alors, sur quel type de produit faut-il jeter son dévolu? "Des actions, des obligations à haut rendement dites ‘high yield’, des obligations en devises (USD), investment grade corporate ou de pays émergents", conseille Wim D’Haese.
"Pour obtenir des rendements intéressants, du côté des obligations, il faut viser des BBB, c’est-à-dire des ‘high yield’. De préférence via des fonds d’investissements, car en direct, c’est compliqué et surtout, le ticket d’entrée est souvent très élevé et ne permet donc pas d’assurer une diversification suffisante", explique Corentin Minne.
→ Actions
La prudence n’interdit pas d’avoir des actions en portefeuille, au contraire. "Mais désormais, il faut résolument changer d’approche: avoir du temps devant soi et accepter qu’à un moment ou un autre, les avoirs vont (fortement) baisser", résume laconiquement Corentin Minne. "Sur un horizon de 5 ans, l’historique des marchés a montré qu’il est judicieux d’investir dans des actions", renchérit Wim D’Hase.
Dans ce contexte, un mot d’ordre très clair revient dans tous les discours: plus que jamais, il faut diversifier!
→ Epargne progressive en fonds
Les formules d’épargne progressive en fonds, très prisées ces dernières années restent d’actualité. Accessibles à partir de quelques dizaines d’euros par mois, elles constituent l’alternative la plus évidente pour le petit épargnant contraint de repenser sa stratégie en restant prudent. Mais leur choix sera alors souvent limité aux seuls fonds proposés par sa banque, à moins que celle-ci ne pratique l’architecture ouverte (Beobank, Deutsche Bank, MeDirect, KeytradeBank, etc.).
"Nous sommes en mesure de proposer les meilleurs fonds de différentes maisons, ce qui garantit une diversification maximale et permet de satisfaire toutes les catégories de clients (suivant leur profil de risque, notamment). Même un investissement de 2.500 ou 5.000 euros sera ainsi ‘éclaté’", explique Philippe Delva. "Et celui qui épargne 100 euros par mois dans des fonds optimisera son rendement en étalant ses achats dans le temps", ajoute-t-il. MeDirect rappelle que ces produits sont proposés sans aucun frais (entrée, garde, gestion, sortie, etc.).
Chez Deutsche Bank, on met également à l’étalage les fonds mixtes flexibles income generation pour répondre à la demande des clients les plus téméraires en quête d’un revenu régulier. "Ces fonds conçus pour distribuer un coupon attractif peuvent piocher aussi bien dans la poche obligataire que dans la poche actions, parmi les meilleurs actifs. En moyenne, nos fonds réalisent un tiers de leurs investissements dans le high yield. Par contre, ils ne sont pas centrés sur la gestion du risque et peuvent dès lors subir de plus conséquentes variations", prévient le responsable du conseil en investissement de la DB.
→ Les thématiques qui se dégagent
Corentin Minne et Wim D’Haese sont sur la même longueur d’ondes pour cibler les thématiques d’investissement les plus porteuses: les secteurs de la (cyber) sécurité, de la robotique, de l’intelligence artificielle, du digital et de la technologie 5G. "Ce segment ne connaît pas la crise", assure le cofondateur de Pareto. Selon lui, le segment des small caps, qui a sous-performé et reste globalement dans le rouge (2018-2019), mérite également qu’on s’y attarde. "Il y a là clairement une opportunité d’achat".
À la Deutsche Bank, on met encore en avant les soins de santé, la gestion des déchets et on croit énormément au potentiel des valeurs "durables", qui ne sont désormais plus synonymes d’abandon de toute perspective de rendement. Au contraire. "Les actions d’entreprises qui respectent les critères de durabilité font désormais aussi bien, si pas mieux, que les autres. À long terme, leur évolution est totalement décorrélée des cycles", note Wim D’Haese.
Les vertus du "green" sont également à l’honneur chez MeDirect. "Nous avons collaboré avec une maison de fonds pour créer ‘Sustainable MeGreen’, le premier portefeuille d’investissement durable, qui sera proposé à partir du 18 octobre, juste à temps pour faire fructifier ses étrennes", annonce Philippe Delva, soulignant que les fonds durables commencent à être pris au sérieux et battent désormais la moyenne.
MeDirect propose également la gestion de patrimoine en ligne (en collaboration avec Morningstar), accessible à partir de 5.000 euros pour un coût très limité. Vous payez uniquement les frais liés à la gestion du portefeuille (0,9% TVAC) ainsi que les éventuelles taxes de vente.
Et le crowdlending?
- Parmi les produits alternatifs "tendance", citons le crowdlending (financement participatif) qui permet d’investir dans l’économie réelle en accordant des prêts rémunérés aux PME. Ici aussi, l’investissement doit être rigoureusement étudié du point de vue du risque et de l’indispensable diversification.
- Sur la plateforme Look&Fin, pionnier et leader du marché, le ticket d’entrée est fixé à 500 euros. La plateforme propose des formules adaptées à tous les profils de risques. Les fonds sont mobilisés durant 1 à 5 ans et les rendements attendus varient de 2,5 à 10% selon les projets.
- Prêt avec garantie du capital: rendement brut compris entre 2,5 et 3% par an et remboursement du capital investi en cas de défaut du sous-jacent (PME).
- Prêt sans garantie du capital: rendement brut compris entre 5 et 10% par an, en fonction de la typologie du prêt (amortissable, bullet), de sa durée et de l’évaluation du risque sous-jacent faite par la plateforme. Le TRI (taux de rentabilité interne) moyen de Look&Fin depuis sa création, sur cette catégorie, est d’environ 6% brut.
- Look & Fin insiste sur les règles d’or à respecter en matière de diversification: répartir ses prêts sur un minimum de 30 dossiers, ne pas consacrer plus de 5% de son portefeuille à un seul dossier et répartir ses prêts selon les classes de risques. "90% de nos prêteurs ont un rendement annuel brut, net de défaut, supérieur à 5%", indique Frédéric Lévy Morelle, fondateur et CEO de Look& Fin.