Stop au béton! Après la Flandre et sa volonté d’interdire toute nouvelle construction sur les espaces libres dès 2040, la Wallonie s’apprête à son tour à tirer sur le frein de l’urbanisation galopante dans ses campagnes. Le "stop au béton" wallon est fixé pour 2050.
Qu’est-ce que cela signifie? Deux dates clés sont à retenir. Dans un souci de "gérer la terre avec parcimonie", la dernière version du schéma de développement du territoire, qui se discute depuis plusieurs mois en Wallonie et qui devrait être bientôt adopté par le gouvernement de la Région wallonne, prévoit deux étapes dans son plan "stop béton". Le premier virage est fixé pour 2025, où l’étalement urbain sur les terres sera limité à 6 km² par an.
"0 km² de terres non artificialisées (toute surface retirée de son état naturel, forestier ou agricole, ndlr) ne pourra être consommée à l’horizon 2050."
Le grand basculement est, lui, attendu pour 2050 où "0 km² de terres non artificialisées (toute surface retirée de son état naturel, forestier ou agricole, ndlr) ne pourra être consommée à l’horizon 2050".
C’est avant tout un enjeu environnemental. Pour s’en rendre compte, il suffit de jeter un coup d’œil sur les conséquences de l’emprise de l’urbanisation sur la nature, qui sont reprises dans le dernier rapport sur l’état de l’environnement rédigé par l’administration wallonne. "La construction de bâtiments, d’infrastructures et d’équipements entraîne une artificialisation du territoire avec des conséquences environnementales multiples: perte de ressources naturelles et agricoles, imperméabilisation des sols, péri-urbanisation du cycle naturel de l’eau, fragmentation des habitats naturels…"
D’après les derniers chiffres disponibles à l’IWEPS, au 1er janvier 2017, les terrains artificialisés couvraient entre 1.600 et 1.780 km², soit 11 à 15% du territoire.
Rien de vraiment neuf, mais le rythme de l’urbanisation s’est accéléré ces dernières années. Entre 1985 et 2017, les terrains artificialisés ont connu une croissance d’environ 520 km², ce qui correspond à une artificialisation moyenne de 16,2 km²/an. D’après les derniers chiffres disponibles à l’IWEPS, au 1er janvier 2017, les terrains artificialisés couvraient entre 1.600 et 1.780 km², soit 11 à 15% du territoire. Cette érosion de la nature s’est faite principalement au détriment des terres agricoles, avec une perte de superficie de 567 km² entre 1985 et 2017, soit moins 6,1% en 32 ans.
Sans grande surprise, ce sont les terrains résidentiels qui se sont le plus étendus. Ils représentent 1.075 km², soit 6,4% du territoire wallon. Depuis 1985, et afin de répondre au boom démographique, la superficie résidentielle est passée de 723 km² à 1.075 km², soit une expansion de 48,7%.
La fin de la villa quatre façades
La question est maintenant de savoir comment les prochains gouvernements en Wallonie pourront respecter cet horizon de 2050 tout en répondant aux contraintes démographiques et économiques. Même si le rythme de l’urbanisation s’est ralenti ces dernières années, notamment par la construction croissante d’immeubles à appartements, la consommation moyenne est toujours bien réelle. On l’évalue à 12,4 km² par an.
D’après les derniers chiffres disponibles à l’IWEPS, au 1er janvier 2017, les terrains artificialisés couvraient entre 1.600 et 1.780 km², soit 11 à 15% du territoire.
Si le rêve de la villa quatre façades devra être abandonné pour de nombreux habitants wallons, le politique va, lui, devoir trouver d’autres réponses face à la pression démographique. D’après les perspectives du Bureau fédéral du Plan de 2017, la population wallonne atteindra 4.115.185 habitants en 2061, soit une hausse de 14,2% ou de 512. 969 habitants. Certaines projections estiment ainsi que la Wallonie devra construire 13.000 nouveaux logements d’ici 25 ans.
Les alternatives aux incursions "en zone verte" sont testées. Le précédent gouvernement a, par exemple, lancé dix nouveaux quartiers autour de dix grandes villes comme Tubize (2.500 logements), Louvain-La-Neuve (1.500 logements) ou Charleroi (400 logements). On privilégie également la reconstruction de la ville sur la ville, la valorisation des terrains sous-occupés, la réutilisation des bâtiments et l’assainissement des anciennes friches industrielles. Ces pistes vont maintenant devoir se multiplier si le monde politique veut respecter son calendrier.