Selon les estimations de Wikipower (une plateforme belge d'achats groupés), publiées dans les journaux du groupe Sudpresse, les Belges qui télétravaillent massivement doivent s’attendre à un supplément sur leur facture d’énergie. Ce surcoût se situe entre 12 euros/mois (avec un chauffage au gaz naturel) et 18 euros/mois (avec un chauffage électrique).
Pour obtenir ces montants, Wikipower s’est basé sur la consommation d’énergie nécessaire pour faire fonctionner un ordinateur portable pendant huit heures par jour et pendant 20 jours par mois (40 kWh/mois). En matière d’éclairage et de chauffage, la consommation supplémentaire mensuelle a été estimée à, respectivement, 3,2 kWh et 30 kWh.
Cependant, il y a lieu de nuancer ces chiffres, d’après Antoine Thoreau, directeur socio-économique et tarifaire de la Commission wallonne pour l'Énergie. "Il faut faire attention qu'on chauffe certes une pièce plus longtemps, mais l'inertie fait qu'on doit moins chauffer le soir par rapport à un retour du bureau", a-t-il expliqué aux journaux du groupe Sudpresse.
De plus, pour nombre de travailleurs (qui ne bénéficient pas d’une voiture de société), les coûts liés aux déplacements domicile-travail ont drastiquement baissé suite à la généralisation du télétravail.
Indemnité
Avez-vous le droit d’exiger une quelconque compensation pour votre travail à domicile? Oui, dans le cas du télétravail structurel. Or, le télétravail lié au coronavirus est considéré comme du télétravail occasionnel.
"Dans ce cas, l’employeur n’a pas l’obligation de fournir du matériel, d’octroyer une indemnité pour les frais occasionnés à domicile (chauffage, électricité, télécoms, eau, etc.), ni de fixer ces aspects dans une convention écrite", d’après les explications de Catherine Mairy, Legal expert chez Partena Professional. "Tout est laissé à l’appréciation des parties, alors que, dans le cadre du télétravail structurel, ces aspects sont réglés et obligatoires."
Un employeur peut accorder des forfaits de 20 euros par mois pour l'utilisation du PC privé et de la connexion internet privée.
Cependant, un employeur peut accorder des forfaits de 20 euros par mois pour l'utilisation du PC privé et de la connexion internet privée.
Mais une nuance clé est apparue lorsque "le fisc a publié en juillet une circulaire qui fixe le montant de l’indemnité de bureau à 129,48 euros pour chaque télétravailleur, qu’il soit à temps partiel ou à temps plein, et quelle que soit sa fonction. L'indemnité est exonérée d’impôt et de précompte professionnel. Mais surtout, elle peut être octroyée pour un travail à domicile régulier et structurel à partir de 5 jours ouvrables par mois. Il s'agit donc bien des principes généraux", souligne Isabelle Caluwaerts, Legal expert chez Partena Professional.
Mais attention, prévient Nicolas Tancredi, dès lors que le télétravail corona devient structurel, cela suppose une série d'obligations pour l'employeur (qui sont fixées dans une CCT télétravail): avenant au contrat, modalités du télétravail, indemnités, assurances, conseiller en prévention, etc. Tôt ou tard, il faudra se pencher sur la question!
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Frais réels
Alors qu'ils travaillent (quasi) non-stop à domicile, des salariés s'interrogent sur l'opportunité de déclarer les frais réels plutôt que de se contenter du forfait (30% des revenus, max. 4.810 euros) . Mais les spécialistes mettent en garde: outre le fait que le forfait est déjà relativement élevé, déclarer ses frais réels est contraignant (conserver les justificatifs des paiements et dépenses, pouvoir prouver qu’ils sont en rapport avec son travail, évaluer la partie du domicile dédiée au bureau, etc.) et risqué car cela a tendance à titiller la curiosité du fisc.
Déclarer ses frais réels est contraignant et risqué car cela a tendance à titiller la curiosité du fisc.
Sans compter que "la plupart des employeurs remboursent déjà des dépenses qui sont avancées par l'employé (kilomètres parcourus pour raisons professionnelles, parking, restaurant, matériel), via des notes de frais ou un forfait mensuel fixe qui varie entre 20 et 300 euros net, selon la fonction et le niveau hiérarchique", rappelle Nicolas Tancredi. "Il ne faudrait donc pas réclamer une déduction de frais réels en plus des remboursements déjà obtenus par ailleurs..."