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Chronique Canal Nord-Sud | Direction Liège

Le nord et le sud du pays portent-ils un regard différent sur l’actualité? C’est la question à laquelle nous tentons de répondre dans la chronique hebdomadaire d’Alain Narinx (L’Echo) et de Wim Van de Velden (De Tijd), publiée simultanément dans L’Echo et De Tijd.

Cher Alain,

Il semblerait que la guerre linguistique ait pris fin à Oosterweel. Les nouveaux panneaux de signalisation de l’échangeur Antwerpen-West, terminé un an plus tôt que prévu, n’indiquent pas "Luik", mais "Liège" avant le tunnel Kennedy. La Régie flamande des routes (Vlaams Agentschap voor Wegen en Verkeer) utilisera désormais la langue de destination pour indiquer les villes sur les panneaux de signalisation des autoroutes flamandes.

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Pour Bart De Wever, il s’agit d’une cerise amère sur le gâteau de ce qui pourrait être son seul et véritable héritage. Mais cela ne semble pas être plus inquiétant que la liaison Oosterweel, le dossier de plusieurs milliards d’euros qui lui a permis de remporter la mairie d’Anvers le 14 octobre 2012 et d’envoyer Patrick Janssens au KRC Genk. Dimanche, les partis francophones ont une fois de plus fait savoir sur les ondes de la radiotélévision francophone que De Wever pouvait oublier son confédéralisme.

C’est avec ce fiasco à l’esprit que le verdict semble de plus en plus audible en Flandre: De Wever a manqué son rendez-vous avec l’histoire, même s’il reste le politicien le plus populaire au nord du pays.

Peut-être s’agit-il d’une nouvelle stratégie des "demandeurs de rien" pour faire monter les enchères, mais qui croit encore qu’en 2024 il existera une majorité des deux tiers pour rendre possible la réalisation du rêve confédéral de Bart De Wever? C’est avec ce fiasco à l’esprit que le verdict semble de plus en plus audible en Flandre: De Wever a manqué son rendez-vous avec l’histoire, même s’il reste le politicien le plus populaire au nord du pays.

Et on peut espérer un retour en force de la gauche en Flandre, comme tu le disais dans ton dernier article, Alain. Mais il y a une autre question qui pourrait trouver une réponse en 2024. Si le Vlaams Belang devient le plus grand parti de Flandre, comme l’indiquent les sondages, et que ce parti peut obtenir une majorité absolue en s’alliant avec la N-VA, les deux partis ne finiront-ils pas par tomber dans les bras l’un de l’autre?

La N-VA voudra-t-elle porter le péché originel du nationalisme flamand, comme le décrivait feu Hugo Schiltz, le leader de la Volksunie? S’associera-t-elle à une idéologie abjecte pour réaliser son projet de nation flamande, comme se le demandait il y a des années l’historien Bruno De Wever, le "frère de"?

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Cela nous amène à Tom Van Grieken, le président du Vlaams Belang, qui se rendra ces jours-ci en short, sweat à capuche et baskets, de la côte flamande à Bruxelles, où il mènera très certainement la marche de protestation organisée par son parti. Le taux de participation sera un indicateur du niveau de mécontentement des Flamands que, ni la Vivaldi, ni la N-VA n’ont été en mesure d’apaiser avec une bonne gouvernance ou du moins avec une gouvernance bien intentionnée.

Si les jours de De Wever sont comptés, l’aube se lève pour Van Grieken, du moins apparemment. Et quelle sera la réponse des partis francophones?

Si les jours de De Wever sont comptés, l’aube se lève pour Van Grieken, du moins apparemment. Et quelle sera la réponse des partis francophones? Je sais qu’en plus du cordon sanitaire autour du Vlaams Belang, il existe un cordon médiatique en Belgique francophone et que vous refusez de parler de l’extrême droite pour ne pas lui donner de la visibilité. Mais vous ne pouvez tout de même pas refuser de voir ce qui nous attend?

Que se passera-t-il s’il faut négocier, non pas avec De Wever, mais avec Van Grieken? Faut-il s’attendre à ce que personne ne soit présent à la table de négociation pour former un gouvernement fédéral, comme l’avait prédit le dernier président du parti CVP-PSC –encore unitaire – annonçant la fin de la Belgique?

La même question se pose d’ailleurs en miroir. Que se passera-t-il si le PTB/PVDA, réceptacle d’extrême gauche du mécontentement des Belges francophones, se retrouve face aux présidents des partis flamands? De Wever fera alors ses valises, a-t-il déclaré.

Mais il n’y aura finalement pas de panneaux "Liège", comme l’a indiqué la ministre flamande de la Mobilité, Lydia Peeters (Open Vld). Elle n’est pas d’accord. "La législation linguistique doit être respectée, y compris sur les panneaux de signalisation. La régie des routes a pour mission de placer d’urgence les bons panneaux. Ce sera donc à nouveau 'Luik' et 'Namen'", a-t-elle tweeté.

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