Au-delà de l'acte de politesse
Communiquer un peu de reconnaissance est, sans doute, la meilleure manière de reprendre un dialogue inclusif pour poursuivre une réforme des soins de santé nécessaire à sa durabilité mais aussi pour préparer le pays à une crise économique et sociale inévitable.
Alors que les pays européens entament leurs politiques respectives de déconfinement, aucun gouvernement ne semble échapper aux critiques plus ou moins acerbes sur leur gestion de la phase aiguë de la pandémie.
La première est présidente BHCT et avocat DCH; le second est directeur médical BHCT et urologue à la clinique St-Jean
Et dimanche dernier, notre Premier ministre, Sophie Wilmes, en a fait la douloureuse expérience au CHU Saint-Pierre dont le personnel lui avait réservé une haie de déshonneur, symbolisant la déception d’un secteur des soins de santé trop longtemps non entendu.
Sont ainsi pointés du doigt le sous-financement généralisé, le manque de matériel chronique au plus profond de la crise et la difficulté de nos représentants politiques à vouloir prendre en considération les demandes de professionnels de la santé qui ont dû faire face à une réalité de terrain s’écartant substantiellement l’idéal sanitaire imaginé par les collèges d’experts.
Si les critiques sont justifiées et la frustration est grande, il serait cependant injuste de conclure à un échec généralisé de nos politiciens et dirigeants qui ont fait face, sans relâche, à une situation d’urgence mondiale inédite, avec des enjeux sociaux, sanitaires et économiques complexes.
Espérons que le passé reste le passé, avec son cortège d’erreurs d’appréciation et de communication hasardeuses mais également avec aussi son lot de décisions plus appropriées et bénéfiques à l’ensemble de la population.
"Si les critiques sont justifiées et la frustration est grande, il serait cependant injuste de conclure à un échec généralisé de nos politiciens et dirigeants qui ont fait face à une situation d’urgence mondiale inédite."
Aussi, à l’heure de tirer les premiers bilans politiques et d’analyser la portée des décisions d’un gouvernement, dont il faut rappeler qu’il est provisoire et minoritaire, il serait honnête de contrebalancer nos sentiments d’insatisfaction pour:
– Se réjouir qu’à la différence des grandes pandémies du passé, les états se soient engagés à faire passer l’humain avant l’économie, en acceptant de mettre provisoirement de côté leurs velléités et leurs aspirations de croissance individuelles.
– Applaudir le leadership dont ont su faire preuve les gouvernements en invoquant tour après tour, l’état d’urgence et en imposant, dans l’intérêt sanitaire, des mesures de restrictions des libertés individuelles qui auraient pu rapidement dégénérer en contestations populaires.
– Reconnaître l’effort de travail continu dans l’objectif d’enrayer la pandémie et de protéger la population de ses conséquences tant sanitaires qu’économiques et sociales.
Manquements et faiblesses
Dire merci n’excuse en rien les manquements et les faiblesses dans la gestion de la crise, mais dire merci a cependant le mérite d’exprimer un sentiment de gratitude pour tous ceux qui ont œuvré, avec leurs moyens, leurs peurs et leurs compétences, pour préserver la Nation.
Aussi, ce qui vaut particulièrement pour les soignants et professionnels de la santé, vaut pour tous ces travailleurs de l’ombre, présents quotidiennement pour faire fonctionner le pays et pour nos ministres "ad interim" qui, sans vision ni expérience de ce que le monde allait vivre, ont pris leurs responsabilités.
Communiquer un peu de reconnaissance, ce au profit de ceux dont on ne retient actuellement que l’opprobre et le regret est, sans doute, la meilleure manière de reprendre un dialogue inclusif pour poursuivre une réforme des soins de santé nécessaire à sa durabilité mais aussi pour préparer le pays à une crise économique et sociale inévitable.
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