La voix étouffée du peuple iranien nécessite un soutien international
Si les pays occidentaux souhaitent vraiment contribuer à la fin du régime des mollahs en Iran, la voie la plus féconde serait de reconnaître la légitimité du prince héritier Reza Pahlavi comme futur garant et protecteur d'une démocratie pluraliste, libérale et humaine.
Le peuple iranien a courageusement déclenché une "révolution nationale" pour mettre fin au régime khomeyniste. Toutefois, laisser un peuple pacifiste, armé uniquement de sa volonté, affronter un régime singulièrement répressif va à l'encontre de l'engagement du monde libre à défendre les droits fondamentaux. La volonté iranienne est parfaitement explicite. Mais la voix étouffée du peuple nécessite un soutien international. Ce qui exige une stratégie concrète, réaliste et efficace.
Reconnaissance du représentant légitime du peuple
La reconnaissance d'un représentant du peuple par les États démocratiques demeure une solution non militaire viable. Mais cela implique un engagement de ces États envers un changement de régime, et exige donc une volonté de soutenir l'Iran dans sa quête de liberté.
Dans cette optique, le Prince Reza Pahlavi représente une opportunité historique, en tant qu’héritier de la dynastie ayant bâti l'Iran et libéré ses femmes. Neutre et non-partisan, il pourrait transmettre la volonté populaire plutôt que de défendre les intérêts d'un parti politique. En défendant depuis 1979 les intérêts d'un peuple politiquement diversifié, Pahlavi illustre le rôle unificateur d'un monarque. Cela le placerait comme garant et protecteur d'une démocratie pluraliste, libérale et humaine qui portera toutes les couleurs politiques démocratiques iraniennes.
Cette position du Prince permettrait aux États reconnaissants d'éviter les points faibles de la coalition syrienne.
La reconnaissance d'un représentant repose sur une légitimité politique et socioculturelle. Le Prince jouit de la légitimité traditionnelle ainsi que d'un titre royal conféré par la Constitution pré-Khomeini. Il conteste la légitimité du régime depuis son avènement survenu contre la volonté du précédent souverain, le Shah d'Iran, qui n'a d’ailleurs jamais abdiqué.
En outre, cette position du Prince permettrait aux États reconnaissants d'éviter les points faibles de la coalition syrienne. Une coalition iranienne, sans base légale ou légitimité, n'est pas nécessaire lorsqu'il existe un monarque légitime. En revanche, le monarque peut rassembler des experts, se structurer, pour mettre en œuvre les initiatives. Une coalition n'est également pas à recommander, car les divergences politiques entraveraient la transition pacifique. La reconnaissance du représentant sous-entendrait qu'il serait le seul à recevoir le soutien international, ce qui transmettrait un message clair aux divers groupes d'opposition pour se rallier derrière ce représentant. Ce serait un moyen unificateur efficace en comparaison avec la reconnaissance d'une coalition.
Ainsi, Reza Pahlavi, en tant que monarque légitime en exil, apparaît apte à revendiquer cette reconnaissance avec les privilèges qui l'accompagnent. Ce rôle lui permettrait de travailler et de négocier avec la communauté internationale selon la stratégie qu'il préconise: "support maximal" au peuple et "pression maximale" sur le régime.
Déclencher une défection dans le régime des mollahs
On le sait, la loyauté des forces armées est essentielle au maintien des tyrans au pouvoir. Une alternative politique crédible au régime serait de nature à attirer cette loyauté, fragilisant ainsi le régime dont l'existence dépend de sa force. Pour déraciner la République islamique, il faut une défection au sein du système. La reconnaissance d'un représentant pourrait engendrer cette défection.
La nécessité d'organiser un référendum libre et équitable sur la forme que doit prendre le gouvernement.
Selon Majid Tavakoli, chercheur et prisonnier politique en Iran, l'opposition doit être basée à l’étranger et posséder un plan clair pour contrôler l'armée. Ce contrôle nécessite d'abord que le commandant en chef de l'alternative ait une autorité suffisante pour déclencher une désobéissance de la part du personnel militaire face aux ordres des commandants actuels.
Le Prince, issu d'une famille de militaires et titulaire d'une licence de pilote de combat obtenue aux États-Unis, possède les compétences pour gagner le respect et la loyauté des forces armées. Il incarne naturellement la figure de proue capable de diriger une transition pacifique vers la démocratie.
Transition politique pacifique
Après la révolution, la période transitoire devra établir un environnement stable et sécurisé favorable à l'organisation d'un référendum libre et équitable sur la forme que doit prendre le gouvernement. Souvent, la chute d'un régime politique crée un vide de pouvoir que des groupes, potentiellement armés, cherchent à combler. Ainsi, cette transition doit s'effectuer par le biais d'un processus constitutionnel afin de combler immédiatement ce vide et éviter les divisions internes et les luttes pour le pouvoir. Seule la réinstauration de la Constitution pré-Khomeini, mise à jour en conséquence, a la capacité de garantir une transition harmonieuse et le bon fonctionnement du pays, en assurant l'État de droit.
La réalité, loin d'être un slogan idéaliste et partisan, montre que le Prince est resté fidèle aux principes et valeurs du monde diplomatique au cours de ces quatre décennies. La constance dans ses propos témoigne de sa détermination à ne pas déroger à ses convictions démocratiques et laïques. Il a le potentiel de garantir la paix et la stabilité tant au niveau national que régional, en instaurant un gouvernement provisoire.
Cependant, certains groupes radicalisés préfèrent attaquer les Pahlavis plutôt que de s'unir contre le régime, reproduisant la même tactique sur laquelle le régime s'est construit. Pour usurper le pouvoir et le maintenir jusqu'à aujourd’hui, le régime a lancé une campagne mondiale de désinformation anti-Pahlavi dans les milieux académiques et médiatiques. Finalement, la révolution nationale du peuple iranien est non seulement un combat contre un régime islamiste, mais aussi une lutte contre la désinformation.
Par Maëlie Kate Jalali, belgo-québécoise d’origine iranienne, étudiante en droit à l’Université de Montréal.
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