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analyse

Que se passe-t-il chez Wilink, le plus grand courtier en assurances de Belgique?

Wilink compte une quinzaine d'agences de courtage en assurances, investissements et crédits. ©Wilink

Le groupe de courtiers Wilink, annoncé en faillite par la presse, subit un amalgame avec son ancien actionnaire majoritaire. Celui-ci est en effet lié à une galaxie opaque de sociétés, dont certaines sont aujourd'hui en faillite.

Wilink est une marque bien connue du paysage belge de l'assurance. Ce groupe de courtiers en assurances et crédits, qui se décrit comme le plus grand du pays, compte aujourd'hui une quinzaine d'agences, de Gand à Namur, en passant par Lasne ou Anderlecht, et environ 250 collaborateurs. Sa naissance remonte à 2014, à la suite de la fusion d'Elitis, BFO Family Office et FINB.

Mais ces dernières semaines, sa réputation a été mise à l'épreuve. À la mi-novembre était en effet publié dans Forbes Belgique un article évoquant un "faisceau de turbulences autour du groupe Wilink", suite à la déclaration de faillite de son ancien actionnaire majoritaire, Altro Finance & Insurance SA (Luxembourg).

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Immédiatement invité à réagir par la presse, le CEO de Wilink Insurance, Dorsan van Hecke s'est alors empressé de rétablir la vérité. Sa société n'est pas en faillite et se porte même plutôt bien, après ses acquisitions du bruxellois Real Life et du courtier liégeois Alliance Bokiau, il y a quelques années.

En 2020, le groupe Wilink a procédé à une réorganisation importante. Ses bureaux de courtage en assurances et en crédits ont ainsi été scindés pour former une nouvelle entité distincte nommée Wilink Insurance.

Une histoire d'amalgames

Et pourtant, ce mardi, rebelote. Un nouvel article publié dans Forbes, ainsi que dans les journaux IPM (L'Avenir, la DH et La Libre), revient sur cette faillite d'Altro Finance & Insurance SA, qui affecterait "des milliers d'emprunteurs", tandis que ses associés historiques auraient "tout perdu", tout comme ses créanciers, dont le holding public Wallonie Entreprendre, qui y aurait perdu des millions d'euros.

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Que s'est-il alors effectivement passé, et de qui parle-t-on réellement? Pour le savoir, il faut tout d'abord remonter dans les archives. En 2020, le groupe Wilink a procédé à une réorganisation importante. Ses bureaux de courtage en assurances et en crédits ont ainsi été scindés pour former une entité distincte nommée Wilink Insurance. La majorité des parts de celle-ci, via un holding nommé Copawin, ont alors été vendues à un groupe de private equity français, la Financière Patrimoine d'Investissement (LFPI), lié à la Banque Lazard.

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Les 43% restants du capital, et les autres activités développées au fil des ans, sont, eux, restés dans les mains du groupe Wilink, renommé Altro Finance & Insurance Belgium (AFI) en 2021. En plus de sa participation dans Wilink Insurance, AFI Belgium détient d'autres sociétés (en tout ou en partie) actives dans la planification immobilière et financière. On y retrouve entre autres l'agence Wilink Real Estate, qui n'a donc pas de lien direct avec Wilink Insurance. À son tour, AFI Belgium est détenue par Altro Finance & Insurance SA, holding luxembourgeoise.

Wilink Insurance a accusé des pertes en 2021, 2022, et 2023, bien que son actionnaire majoritaire LFPI l'ait recapitalisée à hauteur de 3 millions d'euros durant cet été.

Des faillites et des résultats rouge vif

Et c'est justement cette dernière société qui est aujourd'hui dans les problèmes. Un coup d'œil au Registre de commerce et des sociétés du Grand-Duché révèle qu'Altro Finance & Insurance SA a effectivement été déclarée en faillite. Il s'agit donc, ici, du holding luxembourgeois, actionnaire de AFI Belgium, et non de la société belge. Les raisons de cette faillite restent toutefois nébuleuses. Une source proche du dossier nous évoque simplement des dettes à court terme, auxquelles la société ne savait plus faire face.

Quid d'AFI Belgium, et de ses différentes participations? Rappelons qu'il s'agit ici notamment de Wilink Real Estate, Elitis Real Estate et Elitis Property Management (basées à Gand), mais aussi Altro Financial Solutions (un groupement de courtiers Crelan) et les 43% restants dans Wilink Insurance.

En ce qui concerne Wilink Real Estate, qui agissait comme agent immobilier, elle est également en faillite, des suites de la conjoncture difficile du marché. Pour le reste, les autres filiales d'AFI Belgium affichent pour la plupart des résultats rouge vif, d'après nos informations. Même Wilink Insurance a accusé des pertes en 2021, 2022, et 2023, bien que son actionnaire majoritaire LFPI l'ait recapitalisée à hauteur de 3 millions d'euros durant cet été, nous précise son CEO Dorsan van Hecke.

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10
millions d'euros
Parmi les créanciers d'AFI Belgium, on retrouve Wallonie Entreprendre. L'invest public a accordé à l'ex-Wilink un prêt subordonné de 10 millions d'euros en 2016, dont il resterait aujourd'hui 6,5 millions à rembourser.

Perte à venir pour Wallonie Entreprendre?

En revanche, malgré la faillite de son actionnaire luxembourgeois, et d'une de ses participations (Wilink Real Estate), AFI Belgium, elle, n'est pas, à ce jour, dans cette situation, et n'a pas (encore, du moins) été mise en liquidation. Elle cumulait néanmoins 45 millions d'euros de pertes reportées en 2023, d'après ses comptes annuels.

Ce point est important, puisque parmi les créanciers d'AFI Belgium, on retrouve Wallonie Entreprendre (WE), ex-SRIW. L'invest public a en effet accordé à l'ex-Wilink un prêt subordonné de 10 millions d'euros en 2016, dont il resterait aujourd'hui 6,5 millions à rembourser. Des jugements auraient été pris par WE pour récupérer son dû.

Copawin (maison mère de Wilink Insurance) réclamerait par ailleurs également de l'argent à AFI Belgium, car ce dernier était codébiteur de Wilink Real Estate, qui est en faillite. Il nous revient de source sûre que les relations se seraient, là aussi, fortement tendues.

De son côté, Dorsan van Hecke regrette l'ennuyant amalgame et rappelle être soutenu par un actionnaire solide avec LFPI. De plus, n'étant qu'un courtier, même s'il était en difficulté, les contrats sous-jacents conclus par ses clients (assurances, crédits, investissements) n'en seraient pas impactés.

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