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Les collectivités locales peuvent nous sauver de cette crise

©AFP

Plutôt que la planche à billets ou la monnaie hélicoptère, l’une des solutions serait de faire évoluer le fonctionnement de la zone euro dans le sens d’un fédéralisme monétaire, en déléguant aux collectivités locales le droit d’émettre massivement une monnaie locale complémentaire dont la valeur sera partout et toujours assurée par la BCE.

Pour faire face à la crise économique que nous allons traverser, les banques centrales vont déverser massivement de la monnaie dans l’économie, l’inonder de liquidités. La Banque Centrale Européenne (BCE) nous annonce qu’elle va injecter 750 milliards d’euros en rachetant de la dette des États et d’entreprises afin de soulager les banques. De son côté, l’administration américaine annonce vouloir donner des chèques aux Américains, à hauteur de 850 milliards de dollars, soit un chèque de 1.000 dollars par Américain. Dans ce cas, il s’agit de faire décoller l’hélicoptère monétaire pour sauver l’économie.

Stéphane Obeid

1er Echevin de Ganshoren en charge de l’Économie locale
Agrégé en sciences économiques
Maitre-Assistant en comptabilité financière à la Haute École Galilée
Vice-Président de Brulocalis 

 

Ce concept de monnaie hélicoptère fut rendu célèbre par l’économiste Milton Friedmann dans un article intitulé " The Optimum Quantity of Money " [1]. Pour illustrer les principes de base de sa théorie monétaire, Friedmann recourt à la métaphore d’un hélicoptère volant au-dessus d’une communauté pour larguer 1.000 dollars en billets depuis le ciel.

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De là est né le développement de l’idée selon laquelle créer de la monnaie et la distribuer directement aux ménages et entreprises sans aucune contrepartie est plus efficace pour relancer l’économie que les politiques monétaires non conventionnelles de rachat de la dette [2].

L’idée est séduisante mais comporte néanmoins quelques écueils et autres difficultés de mise en œuvre. Lesquelles ?

Premièrement, la banque centrale n’a pas d’accès direct aux agents économiques que sont les ménages. Deuxièmement, certains ménages pourraient plutôt choisir d’épargner ou de thésauriser la monnaie reçue. Enfin, cette politique monétaire risque avant tout de bénéficier, d’une part, aux produits importés en dehors de la zone euro et, d’autre part, aux États membres les plus compétitifs. En somme, les gains générés par la relance de l’activité économique ne seraient pas répartis de manière optimale.

Fédéralisme monétaire

Dès lors, comment pleinement mettre en œuvre les avantages de cette politique tout en contournant ses écueils ?

Le principe ? Une Région émet et donne de la monnaie aux ménages ou aux entreprises sur son territoire, sans aucune contrepartie. Cette monnaie ne peut pas être épargnée ou bénéficier à la vente de produits qui ne sont pas locaux.

L’une des solutions serait de faire évoluer le fonctionnement de la zone euro dans le sens d’un fédéralisme monétaire, en déléguant aux collectivités locales, selon le principe de subsidiarité, le droit d’émettre massivement une monnaie locale complémentaire dont la valeur sera partout et toujours assurée par la banque centrale [3].

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Dans ce sens, les collectivités locales, partenaires privilégiés de la BCE pour la diffusion massive d’une monnaie hélicoptère, peuvent nous sauver de la crise.

Le principe ? Une Région émet et donne de la monnaie aux ménages ou aux entreprises sur son territoire, sans aucune contrepartie. Cette monnaie locale ne peut être dépensée que dans les " entreprises " qui ont adhéré à une charte introduisant les critères auxquels elles doivent répondre, comme, par exemple, la dimension locale des produits vendus.

Cette monnaie intrinsèquement liée à des critères déterminés ne peut par conséquent pas être épargnée ou bénéficier à la vente de produits qui ne sont pas locaux. Elle se déversera directement dans l’économie réelle locale et, dopant le pouvoir d’achat, encouragera l’investissement, l’augmentation de l’offre et in fine la relance de l’activité économique et de la croissance.

En somme, la BCE pourrait faire de ce système de soutien à l’économie réelle, locale et durable l’un des piliers de sa politique monétaire européenne.

 [1] FRIEDMAN, M., " The Optimum Quantity of Money ", Macmillan, 1969, London, pp.4-5.

[3] Je tiens ici à remercier Wojtek Kalinowski pour ses articles parus dans la revue Alternatives économiques, "  Réinventer la monnaire ", mai 2016, qui m’ont inspiré ces propos.

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