Brouillard au paradis

L’UE adopte sa liste noire des paradis fiscaux

Au fond, l’argent public des pays européens, c’est comme un grand verre d’oranges pressées. Au fil du temps, des pays tiers sont venus y plonger leur paille pour siroter tranquillement sans que personne n’y trouve grand-chose à redire. Puis, il y eut les scandales. Ces "leaks" et ces "papers" qui révélaient par le menu ce que tout le monde savait dans les grandes lignes. Et l’Europe entière s’est mise à pointer les pailles du doigt pour réclamer un grand coup de ciseaux.

Alors forcément, la déception est légitime quand on voit les ministres européens des Finances présenter leur trouvaille: une liste des quelques pays qui, en plus d’avoir la paille bien immergée, n’ont pas même un regard à céder à cette Europe qui leur demande de la retirer. D’autant qu’elle est bien courte, la liste noire des paradis fiscaux "non-coopératifs" : sur 72 pays présélectionnés par les experts des États membres, dix-sept seulement ont été retenus par les grands argentiers. Et pour l’instant, aucune mesure de rétorsion digne de ce nom n’est prévue à leur encontre. Au-delà des mesures symboliques, les États membres ont bien quelques outils à leur disposition, mais leur utilisation reste facultative.

Publicité

Si des résultats visibles ne sont pas rapidement engrangés, il faudra que l’Union déploie un véritable arsenal "défensif".

Il est donc légitime d’être dubitatif. Mais il est trop tôt pour juger de la crédibilité de l’opération. Car à côté des pays "blacklistés", se dresse une volumineuse liste "grise" qui pourrait porter à croire que l’opération européenne porte déjà ses fruits. Comme perdus dans le brouillard, quarante-sept pays se voient accorder le bénéfice du doute contre la promesse d’une collaboration. En attendant de voir si certains corrigent effectivement le tir, on peut déjà constater que parler d’une même voix aura permis aux Européens d’engager avec ces juridictions un dialogue dans lequel ils pèsent de tout leur poids. Mais si des résultats visibles ne sont pas rapidement engrangés, il faudra que l’Union passe à la vitesse supérieure, et déploie un véritable arsenal "défensif" contre les pays prédateurs. Parce qu’en attendant de voir les pailles se retirer du verre, c’est la culture, l’éducation, la santé qui trinquent.

Publicité
Sur le plan financier, Belfius a les reins assez solides pour supporter cette distribution de bénéfices.
Le gouvernement veut récupérer la quasi-totalité des bénéfices de Belfius pour financer la Défense
Le gouvernement De Wever souhaite que Belfius verse près d'un milliard d'euros de dividendes à l'État pour renforcer le budget de la Défense, ce qui pourrait compromettre les ambitions de croissance externe de la banque.
Messages sponsorisés