Plus de Vervoort, moins de Mayeur
Le piétonnier bruxellois menacé… et mal ficelé
On a craint un instant qu’il soit sévèrement amputé. Mais non, au final, il risque "juste" d’être suspendu par le Conseil d’Etat. Entendons-nous bien: établir un vaste piétonnier au centre de Bruxelles est une excellente idée – même si l’on peut discuter du périmètre choisi. Cela étant dit, il faut reconnaître que ce projet souffre, depuis le départ, de deux tares importantes. D’abord, il a été décrété à la hussarde par un Yvan Mayeur pressé de se tailler un costume électoral, et instauré à la va-comme-je-te-pousse. Quelques pots de fleurs, un banc, une table de ping-pong, et c’est parti. Sans que les parkings, et le nombre de places disponibles – il y en a! – soient indiqués. Sans véritable campagne de communication autour du projet dans sa version définitive, c’est-à-dire correctement aménagé. Et depuis son avènement, il fait l’objet de modifications successives, pas forcément lisibles.
Cela fait longtemps que la Ville décrète et que les autres sont tenus de s’aligner.
Plus fondamental, le piétonnier a été porté par la Ville de Bruxelles, et non par la Région. Alors que son rayonnement et ses répercussions, notamment en termes de mobilité, dépassent largement les frontières du royaume d’Yvan Mayeur. Le problème n’est pas neuf. Cela fait longtemps que la Ville décrète et que les autres sont tenus de s’aligner. Prenez Villo, le système de vélos partagés qui quadrille la capitale. C’est la Ville qui l’a instauré sur son territoire, juste avant les communales, en triturant le contrat publicitaire qui la liait avec JCDecaux. Et puis, il a fallu chipoter pour que les autres communes montent à bord. Allez: est-il normal que le projet de stade national de football soit porté par la Ville? C’est la Région qui devrait le piloter, si pas le Fédéral. Pas la Ville, qui n’est qu’une des dix-neuf communes bruxelloises.
"Il faut plus de Ville et moins de Région", a dit, en substance, le bourgmestre de Bruxelles, Yvan Mayeur. C’est tout le contraire. Mobilité, urbanisme ou infrastructures: il faut plus de Région et moins de Ville. À charge du ministre-président bruxellois, Rudi Vervoort, de prendre l’espace qui lui revient. Et à la patronne du PS bruxellois, Laurette Onkelinx, d’opter une fois pour toutes pour une de ces deux voies. La bonne, si possible.
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