Bpost: aux syndicats francophones de bouger
Le conflit chez bpost a pris fin. Momentanément du moins. Le temps que les syndicats francophones l’acceptent: après un accord au nord du pays, ils devront à leur tour faire preuve de flexibilité.
Quatre jours, bras croisés, des centaines de milliers de boîtes aux lettres désespérément vides et, désormais, une montagne de courrier en retard à distribuer. La démonstration de force des syndicats francophones de bpost a pris fin ce vendredi. De quoi éviter, pour l’instant du moins, ce qui s’annonçait comme un conflit au long cours, que certains voyaient durer jusqu’aux élections, voire jusqu'à fin juin.
Apaisement, certes, mais apaisement à demi. Là où les représentants du nord du pays ont réussi à négocier "la moins mauvaise solution pour les facteurs" (dixit un syndicat), leurs collègues francophones ont préféré s’arcbouter sur une politique de la terre brûlée, et véhiculer cette image désastreuse d’une Wallonie immobiliste et inflexible.
La flibuste francophone ne résout rien. Depuis que le gouvernement a décidé de supprimer la concession presse et réduit drastiquement son aide à la distribution des journaux et magazines, bpost est condamné à s’entendre avec les éditeurs pour répartir le manque à gagner. À défaut, l’entreprise semi-publique le sait: elle pourrait perdre un marché qui compte encore pour un sixième de ses revenus.
Le nord l’a bien compris. Les syndicats de bpost ont accepté le transfert des activités de distribution vers la filiale AMP de l’entreprise "pour éviter un bain de sang social" (re-dixit le syndicat). Pour les représentants francophones, entre-temps, la ligne est restée implacable : c’est "bpost ou rien".
Bpost doit continuer sa mue. Et les syndicats francophones ne peuvent se retrancher derrière une posture intraitable, sauf à provoquer le "bain de sang social" que le nord a réussi à éviter.
Le nord a aussi directement signé pour un horizon de dix ans, renégociable, là où, côté francophone, la discussion ne porte que jusqu’à 2026, année où disparaît complètement toute aide publique pour la distribution des journaux. Le pari flamand est simple: d’ici dix ans, la presse papier sera réduite à portion congrue. Autant prendre les devants.
Car, faut-il encore le rappeler, il est là l’horizon inéluctable. Les métiers traditionnels de l’ancienne Poste sont condamnés à disparaître. Le courrier perd déjà chaque année de 8 à 10% de son volume. Et la presse suit la même tendance, soutenue par une consommation d’actualités qui se fait toujours plus en ligne.
Le constat est donc sans appel: bpost doit continuer sa mue. Et les syndicats francophones ne peuvent se retrancher derrière une posture intraitable, sauf à provoquer le "bain de sang social" que le nord a réussi à éviter.
Coïncidence du calendrier: lundi, premier jour de grève, bpost entamait des travaux d’élargissement au centre de tri de Charleroi. Le but: ajouter 9.000 mètres carrés d’espace et doubler sa capacité dans le traitement des colis. Le nouveau monde qui se développe alors que l’ancien se mobilise encore dans un combat perdu d’avance. Tout un symbole que ne peuvent ignorer les travailleurs francophones de bpost.
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