Édito | Sur les marchés, le grand perdant des tarifs de Trump, c’est Wall Street

Responsable du service Investir

Les nouveaux tarifs douaniers dévoilés par le Président américain n’ont pas manqué de plomber les marchés aux quatre coins du monde. Mais c’est bien aux États-Unis que ceux-ci accusent le plus le coup.

On se doutait que tout était possible et que l’hôte de la Maison-Blanche nous réservait une surprise de taille. Mais, une fois encore, avouons-le, Donald Trump a déjoué toutes les attentes mercredi soir. Dans le cadre d’une scène surréaliste, digne d’un "gaming-show", le Président américain a dévoilé, tableau à l’appui, une grille de nouveaux tarifs douaniers qui dépassent l’entendement, avec des taux s’échelonnant de 10 à près de 50% sur les importations des différents partenaires commerciaux des États-Unis. Du jamais vu en plus d’un siècle.

Tournant définitivement le dos à la mondialisation des échanges sur laquelle s’est largement bâtie la prospérité américaine depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’intéressé a décidé unilatéralement d’opter, en lieu et place, pour une approche résolument protectionniste. Ce n’est plus seulement "America First" mais bien "America Only".

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La page de l’"exceptionnalisme américain", qui caractérisait la surperformance outre-Atlantique, est peut-être aujourd’hui tournée.

Un risque pour tous

Si toutes les conséquences de ce changement radical demeurent encore incertaines, la grande majorité des experts s’accorde pour dire qu’il n’augure rien de bon. Pour l’économie mondiale, bien évidemment, mais aussi, et surtout, pour l’économie américaine, sur laquelle le spectre de la récession revient planer.

La réaction des marchés financiers ce jeudi en témoigne très clairement. Piquant déjà du nez dans la foulée des annonces dévoilées la veille peu après la clôture, les indices boursiers de Wall Street ont ouvert sur une note rouge écarlate, effaçant directement quelque 2.000 milliards de dollars de capitalisation. Et la forte chute du dollar face aux autres devises, comme l’euro, montre que le billet vert a perdu de sa superbe en tant que valeur refuge dans ce contexte agité.

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Le Président américain ne semble guère s’émouvoir de la débâcle qui s’abat sur Wall Street, dont dépend pourtant une grande partie du patrimoine de ses concitoyens.

Résistance européenne et asiatique

Si les bourses européennes et asiatiques ont également été secouées par ces annonces, il faut tout de même remarquer que leurs pertes sont, en comparaison, plus limitées sur la séance. Toujours en hausse depuis le début de l’année, leur écart avec Wall Street, qui continue de s’enfoncer, s’est dès lors encore un peu plus creusé, en particulier si l’on remonte à l’entrée en fonction de Donald Trump peu après la mi-janvier. Ici aussi, il faut revenir loin en arrière pour retrouver pareille situation.

Brandissant fièrement l’avènement d’un nouvel "âge d’or" pour les États-Unis, le Président américain ne semble guère s’émouvoir de la débâcle qui s’abat sur Wall Street, dont dépend pourtant une grande partie du patrimoine de ses concitoyens.

Pas plus qu’il ne se soucie des conséquences inflationnistes de sa politique appelée à éroder leur pouvoir d’achat et à plomber une consommation vitale pour la croissance du pays. La page de l’"exceptionnalisme américain", qui caractérisait la surperformance outre-Atlantique, est peut-être aujourd’hui tournée.

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