Édito | Budget wallon: le basculement attendra
Le gouvernement wallon vient de dévoiler son budget 2025. Avec une approche prudente, pas basculante.
Un budget "transparent et responsable", voilà l'une des promesses exprimées par le ministre-président wallon, Adrien Dolimont (MR), lors de la présentation de son épure pour l'année prochaine. Avec un effort de 268 millions en 2025, sans qu'aucune nouvelle taxe ne soit levée, l'exécutif estime avoir fait le job. Si l'on peut y voir un premier signal encourageant, difficile de ne pas trouver l'exercice trop prudent.
Vu la situation budgétaire préoccupante de l'entité, dont l'agence de notation Moody's vient de faire passer la perspective à négative, on n'aurait franchement pas rechigné devant un peu plus d'ambition.
Prenons les économies: le gouvernement wallon a décidé d'avancer en douceur. La méthode déjà éprouvée de la râpe à fromage, qui consiste à grappiller à tous les étages de la sphère publique, est toujours d'actualité. On est loin d'assister à un basculement, tant s'en faut. Et pourtant, la Wallonie en a (grand) besoin.
"On a travaillé sur une trajectoire d'assainissement, sur la croissance des dépenses", a justifié le nouveau leader wallon, tout en précisant que l'objectif poursuivi n'était pas de supprimer des politiques ou des services, mais bien de modifier la manière de travailler en changeant les habitudes, et en évaluant le résultat des politiques publiques. Une approche louable, mais insuffisante.
Évidemment, les évaluations des politiques publiques sont essentielles. Évidemment aussi, chercher à minimiser l'impact sur le citoyen est défendable. Mais attention, une telle démarche ne permettra pas, à elle seule, de redresser le navire wallon.
C'est inévitable, l'entité régionale devra oser décider, sans trop attendre, ce qu'elle veut vraiment poursuivre, adapter ou interrompre. Cessons la méthode Coué, arrêtons d'embellir la réalité dans les cercles gouvernementaux, des choix parfois lourds devront être posés, de vraies orientations décidées.
Consentir à des efforts ne signifie pas qu'il faudra couper de manière indistincte dans les dépenses, se serrer la ceinture partout et tout le temps. De la rigueur budgétaire oui, mais pas sans réflexion concomitante sur les recettes.
L’exercice qui vient d'être réalisé par l'attelage Dolimont ne doit constituer qu'une première étape. Le plus simple a été fait, il convient maintenant de poursuivre. Réévaluer et au besoin réorienter les budgets de la relance, encourager l'entrepreneuriat, œuvrer pour améliorer le taux d'emploi, ou encore développer une véritable politique industrielle pour le sud du pays, autant de défis cruciaux que le gouvernement se devra d'aborder dans les prochains mois.
Ce travail impliquera vision et ambition, mais aussi une vraie rupture - comme ce gouvernement l'a promis - avec l'approche des exécutifs antérieurs. Le 9 juin a accouché d'une nouvelle donne dans la politique wallonne, il faut la traduire dans les faits.
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