Édito | Digi, le stress test ultime pour Guillaume Boutin et Proximus
L'arrivée du challenger Digi a fortement secoué Proximus en bourse. Le CEO de l'opérateur historique doit trouver la parade pour calmer les critiques.
Digi lance son offre sur le marché. Et ça secoue. Le quatrième opérateur a bel et bien décidé de casser les prix. Sur le mobile d'abord. Sur l'internet fixe ensuite et, ultérieurement, sur la télévision. La société roumaine joue le rôle que le politique souhaitait lui donner: celui de challenger, de poil à gratter pour le marché ronronnant des télécoms.
Sur papier, l'offre du nouvel entrant semble plutôt attractive. L'ambitieux opérateur compte rapidement dépasser les 100.000 clients et occuper, à terme, au moins 10% du marché belge. Orange, Base et Proximus n'ont qu'à bien se tenir.
L'octroi d'une quatrième licence mobile a, déjà, l'effet escompté. Les investisseurs semblent, en effet, prêts à parier sur le succès de Digi. À la Bourse de Bruxelles, l'action Proximus a fortement chuté après l'annonce des nouvelles offres du challenger. La dégringolade boursière de l'opérateur historique, entamée depuis des années, se poursuit. Cela n'arrange pas les affaires de son CEO Guillaume Boutin, qui fait face à une solide tempête.
L'arrivée de Digi est un véritable stress test pour le CEO de Proximus. Dans le contexte actuel, l'opérateur historique ne peut pas se permettre une hémorragie de clients.
Critiques politiques
Fortement critiqué par certains partis politiques - notamment le MR et la N-VA -, le patron de Proximus a récemment dû venir s'expliquer devant le Parlement. Guillaume Boutin a répondu point par point aux critiques des représentants élus de l'État belge, qui détient toujours 54% de l'opérateur historique. "Je sais ce que je fais", a assuré le CEO.
S'il sait ce qu'il fait, c'est certainement le moment de le démontrer. L'arrivée de Digi est un véritable stress test pour le CEO de Proximus. Dans le contexte actuel, l'opérateur historique ne peut pas se permettre une hémorragie de clients. Si Proximus perd des parts de marché sur le mobile, voire sur le fixe (internet et télévision), les critiques ne feront que s'amplifier.
Les voix contestataires auront beau jeu de railler une nouvelle fois les ambitions internationales de Guillaume Boutin, qui a depuis ses débuts mis l'accent sur des projets de croissance hors des frontières belges, alors que le core business de l'opérateur reste de connecter 11 millions d'utilisateurs basés dans notre pays.
Un déploiement trop lent
L'arrivée de Digi risque aussi de confronter Proximus à ses carences. Les critiques des investisseurs et des politiques portent notamment sur le déploiement de la fibre, qui prend trop de temps. Sur ce plan, soyons clairs: Digi n'a encore rien démontré. Sur le fixe, le nouveau venu couvre à peine 10.000 foyers. Mais si l'opérateur roumain parvient, comme il le prétend, à déployer efficacement un réseau d'antennes 5G et des milliers de kilomètres de fibre optique, cela prouvera par l'absurde que c'est une tâche à la portée du premier challenger venu.
Proximus doit absolument démontrer sa capacité à faire face à une concurrence accrue. Digi est le stress test ultime pour son CEO.
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