Édito | Donnons aux banques les moyens de nos ambitions environnementales
Le départ des banques américaines de l'alliance pour le climat est dramatique pour la compétitivité des banques européennes. L'UE doit les accompagner pour qu'elles puissent miser sur des projets d'avenir.
C'est une nouvelle dont se serait bien passé le secteur financier européen. En quelques jours, l'alliance bancaire pour le climat, née en 2021 à la COP de Glasgow, a vu se retirer cinq des plus importantes banques américaines.
À l'exception de JPMorgan Chase, celles-ci ont pris la décision unilatérale de renoncer à leurs engagements pris volontairement trois ans plus tôt, craignant la pression des républicains bientôt à tous les niveaux de pouvoir aux États-Unis, et constatant les précédents dans le secteur de la gestion d'actifs.
Les banques américaines retrouvent toute latitude pour financer à nouveau des secteurs dont elles auraient dû se détourner, charbon, pétrole et gaz en tête, alors même que les banques européennes vont devoir serrer la vis sur tout projet polluant.
Un signal dramatique
Face à cette fuite, l'alliance a réagi, abandonnant jusqu'à la raison même de son existence, l'engagement vers zéro émission nette. Elle se concentrera désormais sur l'aide au financement de la transition, notamment dans les pays émergents, espérant probablement un retour à la table des banques américaines qui viennent de la quitter.
À l'inverse, les banques européennes maintiennent le cap. Loin des préoccupations des Américains, elles savent qu'à partir de 2027, la directive CS3D les obligera non seulement à publier leurs émissions, mais aussi à prévenir et à atténuer les effets négatifs de leurs activités sur l'environnement. Compte tenu de ces obligations à venir, les changements dans l'alliance bancaire n'ont, sur elles, que peu d'impacts directs.
Mais indirectement, le départ des banques américaines est un signal dramatique. Celles-ci retrouvent toute latitude pour financer à nouveau des secteurs dont elles auraient dû se détourner, charbon, pétrole et gaz en tête, alors même que les banques européennes vont devoir serrer la vis sur tout projet polluant. Ce qui pose un risque pour leur compétitivité, déjà réduite par rapport aux géants de Wall Street. D'autant plus que les banques américaines ont réussi à obtenir de la Fed une révision de l'augmentation de leurs exigences en capital dans le cadre des règles de Bâle.
Avec leurs juteux bénéfices générés par la hausse des taux et une consolidation en cours, les banques européennes peuvent prendre des risques et miser sur des projets d'avenir, même si de nombreuses industries "durables" sont en difficulté.
Les solutions existent
Dans un tel contexte, l'équation peut sembler impossible à résoudre. Et pourtant! Les banques européennes ont leur rôle à jouer dans la transition, si on leur donne les moyens de leurs ambitions.
Avec leurs juteux bénéfices générés par la hausse des taux et une consolidation en cours, elles peuvent prendre des risques et miser sur des projets d'avenir, même si de nombreuses industries "durables" sont en difficulté.
C'est aussi là que l'Europe, où trois quarts des financements d'entreprises émanent du secteur bancaire, doit les accompagner. Garanties sur des prêts verts, allègements réglementaires ciblés, aides spécifiques à l'innovation, développement d'une vraie union des marchés de capitaux… les solutions existent. Qui osera les mettre en place?
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