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Édito | Face à la Big Tech US, l'Europe doit défendre ses valeurs

Responsable du service Économie/politique

Meta annonce la fin de la modération, Musk interviewe l’extrême droite allemande, les réseaux sociaux bousculent nos démocraties… Les Européens ne peuvent rester spectateurs face à ces évolutions.

"Le vieux monde se meurt, le nouveau est lent à apparaître, et c'est dans ce clair-obscur que surgissent les monstres". Cette citation du philosophe Antonio Gramsci mérite qu’on s’y attarde à nouveau au moment où Donald Trump, désormais totalement désinhibé, s’apprête à entamer son second mandat.

Elle le mérite d’autant plus au vu d’évolutions connexes, à commencer par le rôle délirant qu’entend occuper l’un de ses partenaires, à savoir le milliardaire américain, Elon Musk, dans le débat politique européen. Non content de blâmer le Premier ministre britannique Keir Starmer avec des publications assassines, le libertarien a aussi annoncé qu’il diffuserait jeudi un entretien sur son réseau social X avec Alice Weidel, cheffe de file du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).

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Y voir une ingérence ne serait probablement pas excessif. Pourtant, ne vous fatiguez pas à chercher une réaction vigoureuse de la Commission européenne, vous n’en trouverez point. Craignant un retour de bâton du Conseil, où l’extrême droite est désormais représentée avec l’Italienne Giorgia Meloni et le Hongrois Viktor Orban – auxquels s’ajoutera probablement bientôt l’Autrichien Herbert Kickl –, l’exécutif de l’Union fait profil bas.

Le tableau dressé ci-dessus est suffisamment inquiétant. Et pourtant ce n’est pas tout, car ce début de semaine a aussi été l’occasion pour Meta de se faire remarquer. Son message: "exit"  les fact-checkers sur Facebook et Instagram, la communauté devra à l’avenir s’autoréguler. Une manière de restaurer une liberté d’expression "perdue", selon son dirigeant Mark Zuckerberg, qui promet également la fin de la "censure". Autrement dit, les restrictions sur les sujets qui font régulièrement l’objet de débat politique seront moindres. L’entreprise, qui évoque notamment les questions sensibles liées à l’immigration et à l’identité de genre, ne donne en revanche aucune garantie en matière de lutte contre la désinformation. On peut également s’inquiéter de l’énergie future qu’elle pourrait consacrer à contrer des contenus clairement problématiques (harcèlement, incitation à la haine…).

Une constante dans les épisodes mentionnés: on assiste à une bataille des idées, à une guerre culturelle. L’idée de Gramsci (encore lui), selon laquelle la conquête politique passe d'abord par la conquête des esprits, semble avoir été bien assimilée par le président Trump et son allié Elon Musk, mais également par nombre de dirigeants européens. Quant aux milliardaires de la Tech – que ce soit Zuckerberg, Tim Cook (Apple) ou Jeff Bezos (Amazon) – , ils semblent moins portés par des idéaux que par une envie de ne surtout pas froisser le maître de la Maison-Blanche.

Conséquence probable et potentiellement désastreuse de ces évolutions, la fameuse fenêtre d’Overton, qui désigne le périmètre des idées jugées "acceptables" par la société à un moment donné, pourrait bien connaître une phase d’extension sans précédent. Mais le veut-on? Et si oui, jusqu’où veut-on la voir s’étendre? Ce sont des questions fondamentales qui se posent aujourd’hui aux Européens, soumis aux coups de boutoir des extrêmes. Ne pas se lancer dans un combat pour défendre les valeurs – universalistes notamment – au cœur du projet européen, assister béatement à leur mise à mal, pour ne pas écrire à mort, serait dramatique. Il est minuit moins une…

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