Edito | L’héritage incertain de Joe Biden
Le bilan du président démocrate est constrasté, avec une économie forte mais endommagée par l'inflation, et des choix géopolitiques discutables.
Un président usé, tant physiquement que politiquement, et parfois déconnecté de la réalité. Voilà l’image que laisse Joe Biden à l’heure de quitter la Maison-Blanche.
Au terme de son mandat, il faut le créditer d’une économie américaine très robuste, avec une croissance élevée et un taux de chômage faible. En particulier, son IRA (Inflation reduction act), soit un plan massif d’investissements dans les infrastructures et la transition énergétique, s’est avéré une réussite.
Mais de bonnes statistiques d’emploi ou un PIB reluisant ne peuvent pas masquer deux gros points noirs. D’abord, le déficit américain demeure abyssal. Surtout, l’inflation reste élevée, comme le montrent encore les chiffres publiés ce mercredi. La hausse du coût de la vie a touché les classes moyennes, ce qui a coûté très cher au camp démocrate lors des élections de novembre dernier, sans que le locataire de la Maison-Blanche semble vraiment avoir pris la mesure du problème.
Durant son mandat, Joe Biden s’est posé comme le rempart de la démocratie face aux assauts extrémistes de Donald Trump et de ses partisans. Mais la réconciliation d’une Amérique déchirée ne s’est jamais concrétisée. Le retour à la Maison-Blanche du magnat républicain résonne comme un désaveu cinglant et signe l’échec personnel de Biden sur ce plan. Sa façon de s’accrocher à sa candidature présidentielle, malgré un déclin cognitif évident, n’a pas aidé. Et le président démocrate a terminé ses quatre années par une grâce honteuse accordée à son fils Hunter, coup de canif pitoyable aux valeurs qu’il prétendait incarner.
Un héritage incertain
Au niveau international, il faut savoir gré à Joe Biden d’avoir soutenu l’Ukraine et, à travers elle, la sécurité européenne, face à l’agression russe. Mais ce soutien, généreux en milliards de dollars et en appui stratégique, a surtout permis à Kiev de se défendre, sans être mis en position de vraiment l’emporter sur Moscou. Qu’en restera-t-il au bout du compte?
Joe Biden quitte le Bureau ovale avec un bilan en demi-teinte. Il laisse une économie forte, mais une Amérique en proie aux doutes et un monde plus brutal.
Enfin, le piteux retrait d’Afghanistan laissé aux talibans, et surtout son soutien inconditionnel et aveugle à Israël, en dépit des crimes de guerre commis à Gaza, laisseront des taches indélébiles sur le mandat du démocrate. Ils illustrent une perte d’influence et un recul moral qui ont dégradé l’image des États-Unis sur une bonne partie du globe.
Installé quelques jours après l’assaut du Capitole, dans un pays sous le coup de la pandémie de covid et en crise économique, Joe Biden quitte le Bureau ovale avec un bilan en demi-teinte. Son héritage apparaît incertain. Il laisse une économie forte, mais une Amérique en proie aux doutes et un monde plus brutal. Que Donald Trump, à la fois son prédécesseur et son successeur, soit bien pire ne suffit pas à faire de l’octogénaire démocrate un grand président.
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