Édito | La "valeur libérée" de Syensqo se fait toujours attendre

Responsable du service Investir

Malgré un rebond impressionnant en bourse ce mardi, l'action Syensqo reste bien en dessous de son prix d'introduction suite à sa scission avec Solvay. Son profil axé sur la croissance a pâti d'une série d'obstacles conjoncturels au sein du secteur de l'industrie.

Qu’on ne s’y trompe pas: le rebond de l’action Syensqo ce mardi à la Bourse de Bruxelles témoigne sans doute moins d’un regain d’enthousiasme des investisseurs à son égard que d’un "ouf" de soulagement de leur part. Le groupe a publié des résultats en ligne avec les attentes et ses perspectives, bien que tempérées, correspondent aussi à ce que prévoyaient les analystes. Le bulletin n’a donc rien de vraiment réjouissant, mais il n’apporte pas non plus de mauvaises surprises. Les mesures d’ajustement annoncées en marge, à savoir notamment la suppression de 300 à 350 emplois dans le monde, traduisent, tout au plus, la volonté de s’adapter à un environnement difficile.

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Depuis sa scission avec Solvay, Syensqo peine à "libérer" la valeur promise aux actionnaires par sa CEO Ilham Khadri. C’est en tout cas ce qu’illustre son parcours boursier, pour l’heure plutôt décevant. Même en comptant le rebond du jour, l’action du groupe évolue pas moins de 20% sous son cours d’introduction du mois de décembre dernier, soit il y a près d’un an. Dans le même temps, sa société-sœur Solvay, dont elle a quitté le giron, a bondi de plus de 80%. Bref, la chimie de spécialité, présentée à l’époque comme l’activité à forte croissance, se retrouve largement à la traîne de la chimie de base, regroupant l’activité historique de l’ancien Solvay. Un scénario qui n’était, a priori, pas celui escompté.

Route jonchée d'obstacles

Le parcours boursier de Syensqo peut jusqu’ici servir au moins de piqûre de rappel aux investisseurs sur ce lien qui existe entre profil de croissance et profil de risque. L’audace qui consiste à faire la différence a évidemment un prix.

C’est qu’entre-temps la conjoncture s’est aussi détériorée. On pense ici en particulier à la situation de l’industrie, dont dépend crucialement Syensqo en termes de débouchés. Qu’il s’agisse de l’automobile, dont les ventes de véhicules électriques freinent des quatre roues, ou de l’aéronautique, qui peine à suivre la cadence des commandes pour des raisons liées notamment à la grève dont vient de s’extirper Boeing, il ne fait aucun doute que le groupe belge a vu les obstacles se dresser les uns après les autres sur sa route.

Bien qu’encore jeune, le parcours de Syensqo peut jusqu’ici servir au moins de piqûre de rappel aux investisseurs sur ce lien qui existe entre profil de croissance et profil de risque. L’audace qui consiste à faire la différence a évidemment un prix, même si rien ne dit pour autant que les nuages ne se dissiperont pas à moyen terme pour que l’entreprise libère et délivre enfin la valeur promise aux actionnaires.

Les analystes s’accordent en tout cas pour souligner la décote "injustifiée" de l’action par rapport à ses pairs du secteur, ce qui s’explique peut-être par la visibilité réduite que lui offre la seule Bourse de Bruxelles, surtout depuis sa récente radiation de la place parisienne. Certains d’entre eux n’ont même pas hésité à suggérer une seconde cotation à Wall Street, pour tirer entièrement parti d’un marché américain où l’entreprise réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires.

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