Édito | Moins d'égo, plus d'esprit d'équipe

Rédacteur en chef

Alors que la météo se complique, le bateau Belgique navigue en pilotage automatique depuis six mois. Un capitaine à la barre et un équipage aligné, est-ce trop demander?

L'année 2025 ne sera pas un long fleuve tranquille. On aimerait se tromper, on adorerait se tromper, mais avec ce protectionnisme qui gagne du terrain un peu partout (voyez Donald Trump de retour à la Maison-Blanche), avec cet autoritarisme qui monte en puissance en de nombreux points du globe, il faut s'attendre à ce que les lignes bougent. Que ce soit sur le plan géopolitique, économique ou sociétal. Du mouvement, il y en a déjà. Une déglobalisation est à l'œuvre et défait des liens qu'on croyait établis. Les plaques tectoniques de la géopolitique bougent, ça frotte et on est même en guerre çà et là.

Pas facile de rester zen, face à tant d'instabilité. C'est pourtant quand la météo se complique qu'il faut pouvoir compter sur l'expérience et le calme du capitaine. Oui, mais voilà, le bateau Belgique n'a plus de capitaine. Le ciel s'assombrit, le baromètre se dégrade, mais la Belgique navigue en pilotage automatique. Dites "affaires courantes".

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Il y aurait trop d'égo autour de la table pour qu'émerge un vrai projet commun, négocié, et donc forcément en partie différent d'un programme électoral, quel qu'il soit.

Un nouvel équipage se prépare à prendre les commandes, mais ne s'entend pas sur le cap à donner. Il faut donner un coup de barre à droite, dit l'un. Non, à gauche, répond l'autre. Non, à droite. Non, à gauche. Les négociateurs veulent croire à un accord prochain, d'ici à quelques semaines, en attendant cela fait six mois que cela dure.

Une faible capacité à composer avec l'autre

On dira que les affaires courantes sont un moyen d'avancer malgré tout et qu'on a une belle expérience en la matière. Que la donne politique n'est pas simple, avec un attelage tirant à droite quoique devant composer avec une part de gauche. Que la donne n'est pas beaucoup plus simple dans les pays voisins. Que la qualité d'un accord de gouvernement prime sur le temps nécessaire pour le coucher sur papier.

Tout cela est vrai. Mais est-ce suffisant pour expliquer le surplace fédéral actuel? Il semble qu'il faille compter avec un autre élément: une faible capacité à composer avec l'autre. Il y aurait trop d'égo autour de la table pour qu'émerge un vrai projet commun, négocié, et donc forcément en partie différent d'un programme électoral, quel qu'il soit. Un projet commun que chacun saura et voudra défendre. Un projet qui ne soit pas le plus petit commun dénominateur, comme l'a été le gouvernement sortant, mais qui au contraire vaille plus que la somme des parties.

Voilà peut-être un vœu utile pour 2025. Moins d'égo, plus d'esprit d'équipe. Pour que ce pays soit piloté comme il le mérite, emmené par un équipage aligné et à son service. Est-ce trop demander?

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