Facebook devra passer aux actes
Mark Zuckerberg s’excuse. Et après?
Mark Zuckerberg a essuyé ce mardi le feu des députés européens. Comme devant le Congrès américain, le créateur de Facebook s’est excusé pour son rôle dans le scandale Cambridge Analytica. Il a promis de sécuriser son réseau, tout en vantant à force de slogans sa grande œuvre. Montre en main, l’affaire a pris une heure trente. Trois jours avant l’entrée en vigueur du RGPD, il est surtout venu soigner ses relations avec la vieille Europe. Un geste avisé, sachant qu’une infraction aux nouvelles règles pourrait lui coûter jusqu’à 4% de son chiffre d’affaires.
Marc Zuckerberg passera-t-il aux actes? Les élus n’étaient pas convaincus. Cela fait quatre à cinq fois qu’il s’excuse, a ironisé Guy Verhofstadt.
L’affaire Cambridge Analytica n’a rien d’anodin. Facebook a vendu les données privées de 87 millions de personnes au profit des campagnes de Donald Trump et du Brexit. Cette manipulation a contribué à la prise de pouvoir d’un populiste à Washington et à ébranler l’Europe.
Zuckerberg doit comprendre que s’il peut être gratifié d’avoir créé le premier réseau social de la planète, il doit renoncer à en être le nouveau dieu.
Ce n’est que la pointe de l’iceberg. Mark Zuckerberg dirige un empire incluant aussi Instagram, Messenger et WhatsApp. Lorsque vous y adhérez, ce réseau sait presque tout de vous, vos activités, vos déplacements dans le monde réel. Ses algorithmes filtrent votre information.
Devenu le premier média du monde, Facebook reste incontrôlé. Chaque instant, des millions d’utilisateurs y colportent des propos haineux, des fausses nouvelles, des mensonges simplifiant le débat, galvanisant les populistes et affaiblissant les démocraties. Mark Zuckerberg l’a reconnu hier, le réseau n’a pu éviter l’influence russe sur les présidentielles françaises. Des terroristes l’utilisent aussi pour recruter.
Facebook avance l’intelligence artificielle pour traquer les fausses nouvelles. Cela suffira-t-il? On en doute. Côté obscur, les technologies avancent aussi.
Internet, comme naguère l’imprimerie, signe l’arrivée d’un nouveau monde. Une renaissance dont on se réjouit. Mais il signifie aussi de nouveaux risques. Ils sont d’un tel niveau que le monopole de Facebook ne peut perdurer.
Mark Zuckerberg doit comprendre que s’il peut être gratifié d’avoir créé le premier réseau social de la planète, il doit renoncer à en être le nouveau dieu.
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