Fin d’une législature pour rien

Rédacteur en chef

Dimanche soir, les urnes auront parlé. Après une législature perdue, il serait suicidaire de repartir avec des majorités sans véritable ambition. On en a tellement besoin!

"En politique, on peut passer son temps à dire comment on ferait autrement que les autres. On l’a trop fait par le passé. On peut aussi chercher ce qu’on a en commun et faire à nouveau fonctionner le pays." Octobre 2020. Dans son nouveau bureau au 16 rue de la Loi, Alexander De Croo donne ses premières interviews de Premier ministre. Il a le discours de l’ambition: "Nous voulons prouver que ce pays peut fonctionner et est capable de prendre des décisions intelligentes, rapides et efficaces."

Quatre ans plus tard, qu’a-t-on vu de cette ambition? Rien. Bien sûr, ce gouvernement multipartite a démarré en plein covid, après quoi il a fait face à une crise énergétique d'ampleur. Ces crises ont été gérées, en mode protecteur et à grands coups d’argent public.

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Pour le reste, on n’a pas vu que le pays pouvait à nouveau fonctionner. Hors urgence liée aux crises, on n’a pas vu cette capacité à "prendre des décisions intelligentes, rapides et efficaces". On a vu l’inverse. On a vu sept partis s’écharper sur à peu près tout, tout le temps. Si la campagne électorale fut pâle et fort creuse, c’est parce que la législature n’a pratiquement été qu’une longue campagne électorale, comme si la Vivaldi n’avait rien eu d’autre à faire que préparer les élections suivantes, celles de ce 9 juin.

Dans un monde qui change vite et fort, on a fait du surplace. Ne nous refaites pas le coup.

Dans un monde qui change vite et fort, on a fait du surplace. On s’est contenté de fonctionner a minima. Là où on a avancé, c’est à petits pas. En fait d’ambition, on a le plus souvent cherché le plus petit dénominateur commun. Il n’y avait pas d’envie commune et ça s’est beaucoup vu, que ce soit au niveau fédéral ou à l’échelon régional, à Namur comme à Bruxelles.

Dimanche soir, les urnes auront parlé. On saura alors le poids réel de chacun. On saura l’importance réelle des votes extrêmes (de droite comme de gauche), on saura dans quelle mesure la hiérarchie a bougé parmi les autres partis. À partir de là, des majorités se construiront, sans doute trèèèès lentement comme on en a pris la mauvaise habitude. Dans tous les cas, il faudra autre chose que des mots ambitieux en début de mandat pour relancer le pays et ses régions. Il s’agira de faire progresser l’emploi, la formation, la création de richesse, le développement durable, l’efficacité publique (notamment en matière de dépenses), l’innovation, la sécurité et aussi ce vivre ensemble qui s’est dégradé ces dernières années. Toutes choses utiles à une prospérité future qu’un statu quo ne saurait garantir.

Il faudra agir. Et pour agir, se concerter vraiment. Pas faire semblant le temps de négocier un accord de majorité alambiqué, pour ensuite se déchirer sans limite. Non, se concerter vraiment, s’entendre sur une série d’axes forts, au prix d’inévitables concessions pour les uns et les autres. Bref, donner un cap et puis avancer, en responsabilité. Voici venue la fin d’une législature pour rien. Ne nous refaites pas le coup.

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