L'anecdote Di Rupo
La minorisation d’une communauté
On ne devrait plus voir Elio Di Rupo sur les plateaux de télévision avant un moment. Le président du Parti socialiste a décrété le silence médiatique et se concentre sur sa tâche de "formateur" du futur gouvernement wallon. Il ne souhaite plus non plus être à l’origine de nouvelles polémiques. Sur le plateau de la RTBF lundi soir, le Montois a estimé que deux partis flamands défaits par l’électeur, le CD&V et l’Open Vld, devaient unir leurs forces avec Groen pour contourner la N-VA dans le prochain gouvernement fédéral. Il y voit LA solution au nœud politique national. Cette formule serait toutefois minoritaire dans le groupe linguistique flamand de la Chambre. Hérésie! Et volée de bois vert côté flamand où cela passe toujours mal. On l’accuse d’ignorer le signal envoyé par l’électeur dimanche.
Défaits par l’élection, CD&V et Open Vld ne peuvent se permettre autre chose que de la modestie.
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En coulisse, on estime surtout que, parlant de la sorte, le PS a surtout mis dans l’embarras le CD&V et l’Open Vld dont il réclame justement la collaboration. Toujours premier parti de Flandre, la N-VA a très vite déclaré qu’une minorisation flamande au Fédéral serait inacceptable. C’est dans ce contexte qu’Elio Di Rupo – dont le parti est un repoussoir en Flandre – fait de deux perdants des candidats au pouvoir alors que leurs scores électoraux les inviteraient plutôt à la modestie, selon les termes utilisés par le président du CD&V Wouter Beke dès dimanche. Bref, le timing est mauvais pour ces partenaires potentiels des socialistes au niveau Fédéral. La maladresse est bien là. Car sur le fond, on ne voit pas très bien ce qu’on pourrait reprocher à Elio Di Rupo. En 2014, il était mis dans l’opposition par une minorité constituée par le seul MR et soutenue par trois partis flamands. La Belgique francophone vient de vivre près de 5 ans sous un gouvernement soutenu par 20 députés francophones sur 150.
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Par ailleurs, les mêmes CD&V et Open Vld avaient accepté de participer au gouvernement Di Rupo (2010-2014) sans disposer de majorité au sein du groupe flamand à la Chambre. Aujourd’hui, la N-VA exclut PS, Ecolo et PTB – soit 43 des 64 sièges francophones du Parlement – à moins de démanteler le pays. Il n’est donc pas étonnant de voir le président du PS maintenir cette exclusive 24 heures après l’élection. Une communauté minorisée au niveau national n’est pas souhaitable mais n’a rien d’inédit. Ce qui est inédit par contre, c’est la situation politique issue des élections de dimanche. Le nationalisme politique dépasse en effet les 40% au nord du pays. L’état de faiblesse des partis traditionnels, faciles à marier au Fédéral, rend la prudence d’autant plus primordiale pour un parti qui s’érige en défenseur de la maison Belgique. Fin de l’anecdote. Les négociations gouvernementales, qui s’annoncent aussi longues que difficiles, n’ont même pas encore commencé.
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