L'épargne à 0%, aveu de faiblesse du banquier
La sortie du patron d’ING Belgique sur les taux d'épargne à 0% n'est pas de la provoc.
Mais qu’est-ce qui lui a pris? En annonçant cette semaine des bénéfices en hausse, le CEO d’ING Belgique a dans la foulée indiqué qu’il était devenu "intenable" de rémunérer au taux minimum légal de 0,11% l’argent déposé (en masse) sur les comptes d’épargne réglementés. Et de plaider pour que ce plancher saute, de sorte que la rémunération de l’épargnant puisse être ramenée à… 0%. Dans les circonstances actuelles, ce ne serait que logique, estime-t-il.
Gonflé, Erik Van Den Eynden? Lui qui pilote la plus vaste restructuration jamais entreprise par une banque en Belgique (3.500 emplois supprimés en 5 ans, un job sur trois) voudrait en plus que l’épargnant ne gagne plus rien sur l’argent confié. Certains y ont vu une provocation de la part d’un banquier peu conventionnel et doté d’un sens certain du marketing.
La sortie du patron d’ING Belgique n’est pas de la provoc mais un ballon d’essai à l’adresse du monde politique, qui a peu de chances d’aboutir.
Si l’idée était de faire du bruit et de gagner en visibilité, de fait c’est gagné. Mais ce faisant, Erik Van Den Eynden a surtout dit tout haut ce qu’une bonne partie du secteur pense tout bas: quand à court terme, la Banque centrale européenne prend 0,4% sur les excès de liquidités déposés par les banques, quand à long terme, les taux de référence (comme l’obligation d’État à 10 ans) sont eux aussi négatifs, toute rémunération de l’épargne – même minimale –, coûte cher aux banques. Ce n’est pas pour rien qu’elles servent déjà des taux négatifs sur les dépôts aux grandes entreprises clientes.
Au final, tout le monde râle. L’épargnant parce que ses économies ne lui rapportent plus rien (elles perdent même de la valeur, compte tenu de l’inflation) et la banque parce qu’elle y perd de l’argent.
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La sortie du patron d’ING Belgique n’est pas de la provoc mais un nouveau ballon d’essai à l’adresse du monde politique, qui a peu de chances d’aboutir. Quel politique en effet acceptera une décision aussi impopulaire que celle de supprimer un taux plancher pour l’épargne? Pas gagné.
Si vous voulez notre avis, le plaidoyer du banquier tient surtout de l’aveu de faiblesse. Les banques doivent composer avec un environnement (très) compliqué, marqué par des taux d’intérêt bas depuis un moment et pour un moment encore, une croissance économique molle, une montée du protectionnisme et des incertitudes géopolitiques, une forte volatilité des marchés financiers. Et tout cela alors que la compétition entre banques est soutenue et la digitalisation, onéreuse.
Vu le tableau, on peut s’attendre à des années à la fois plus chahutées et moins rentables pour les banques. De quoi sans doute les motiver à se pencher de plus près encore sur l’un des rares éléments qu’elles contrôlent dans cette histoire: leurs coûts. Les restructurations en cours ne sont pas les dernières. Et l’épargnant n’est pas prêt de voir son argent mieux rémunéré.
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