La fin du "Renflouistan"
Le programme grec est en passe d’être clôturé. Mais cette douloureuse opération aura laissé de vives marques au peuple hellène comme aux institutions de la troïka.
La zone euro doit tourner le 20 août la page de la crise grecque, l’épisode le plus traumatique et honteux de son histoire. Huit ans après la révélation du maquillage des comptes publics grecs qui a précipité la crise, les ministres des Finances de l’Union monétaire négociaient ce jeudi à Luxembourg les modalités de clôture du troisième plan d’aide.
Traumatique, la page qui se tourne le fût bien sûr pour les Grecs, qui après des années d’apnée vont peut-être commencer à reprendre leur souffle. Le Grexit redouté n’a pas eu lieu; l’économie redémarre doucement; les finances publiques sont sous contrôle, et un allégement de la dette publique est prévu.
Pour le reste de la zone euro, c’est une page honteuse qui se tourne.
Mais l’ombre des "hommes en noir" de la troïka d’institutions créancières continuera de planer: le patient reste sous monitoring, et s’il ne prend pas les médicaments prescrits, ça sera la saignée, le prévient-on. L’horizon reste sombre. Dans un pays où le taux de chômage des jeunes atteint 47%, investir dans l’avenir, dans l’enseignement, la santé, n’est pas au programme. Pour les Grecs, l’épais livre de la crise n’est pas refermé.
Honteuse, la page qui se tourne l’est pour le reste de la zone euro. Pour maîtriser le feu sans déliter la zone euro, un État, une démocratie européenne, a été mis sous tutelle par ses pairs. C’était la condition de ce sauvetage – et du maintien de la santé des banques qui y perdaient des plumes. Or le traitement de la Grèce a été prescrit dans une totale opacité.
L’Eurogroupe, boîte noire de la zone euro, a imposé des mesures sans contrôle démocratique européen. La Commission, de son côté, s’est montrée incapable de justifier les réformes, d’anticiper correctement leur impact et de les inscrire dans une stratégie de croissance de long terme. Et l’on ne parle pas du troisième larron, le FMI, coupable d’avoir répété les erreurs du passé en acceptant de jouer dans la pièce sans exiger de restructuration préventive de la dette grecque.
Une page se tourne, et à l’heure où la zone euro réfléchit à son avenir, il est temps pour elle d’empêcher la répétition d’un tel "Renflouistan": de donner au Parlement européen le pouvoir de contrôler le travail de ce gouvernement qu’est l’Eurogroupe.
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