Le procès du libre-échange
Sigmar Gabriel enterre le traité transatlantique
Le traité transatlantique n’est pas encore cliniquement mort, mais il est aux soins intensifs. Et le ministre de l’Economie du plus grand membre de l’Union vient de lancer un appel à débrancher la prise. Ce n’est pas la Belgique qui l’y aidera: notre économie, particulièrement ouverte sur les Etats-Unis, serait l’une des premières à tirer profit du TTIP. Mais force est de constater que les négociations patinent, et que du côté américain comme du côté européen, le cœur y est de moins en moins.
Du côté américain comme du côté européen, le cœur y est de moins en moins.
D’abord, parce qu’après trois ans de pourparlers, les négociateurs butent toujours sur des questions essentielles: l’accès pour les entreprises européennes aux marchés publics américains ou la reconnaissance des indications d’origine protégée, notamment. Ensuite, parce que les négociateurs commerciaux courent toujours après l’adhésion des opinions publiques. Ils ont beau répéter à l’envi que le traité ne détériorera pas les normes sociales et environnementales, ils peinent à convaincre. Pour la bonne raison que l’accord dépasse leur champ de compétence: le TTIP est moins un accord commercial qu’un accord réglementaire. Là où un traité commercial à l’ancienne promet des prix moins élevés au consommateur, cet accord-ci touche à des questions politiques aussi sensibles que la qualité de l’alimentation et la robustesse des garde-fous environnementaux. Plutôt que de lui promettre une augmentation de son pouvoir d’achat, le TTIP demande au consommateur d’avoir confiance dans les accords futurs des régulateurs. Force est de constater que c’est beaucoup demander. En particulier dans un contexte de repli: que ce soit pour des raisons environnementales ou de patriotisme économique, les circuits courts ont le vent en poupe, et les multinationales sont suspectes. À l’heure où les scandales fiscaux ont achevé de ternir leur réputation, ce traité garde l’image d’un texte taillé pour elles.
→ À lire: Les négociations sur le TTIP ont "de facto échoué"
Au travers de la bataille du TTIP, c’est le procès du libre-échange total comme garant de la prospérité universelle qui est en train de se jouer. Et Sigmar Gabriel vient de se lancer dans la mêlée.
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