Le valet puant refilé au MR
La situation politique reste inédite en Wallonie. Et elle va probablement se compliquer dans les prochains jours…
On ne va évidemment pas refaire toute l’histoire. Prenons-en l’essentiel. Avec l’exit du cdH, l’auto-exclusion du PTB et un parti libéral laissé sur le bas-côté des négociations, le PS et Ecolo tentent un coup inédit. Cette semaine, les deux partis ont reçu une centaine d’acteurs de la société civile. L’invitation express s’est focalisée autour d’un embryon de déclaration gouvernementale dont la trame est profondément axée sur le climat et l’environnement.
Consensuel sur certains enjeux, le texte se veut rassembleur.
Il est trop tôt pour savoir ce que donnera tout ce travail de consultation. Le mot de la fin reviendra au monde politique. Mais avec les contributions d’une cinquantaine d’organismes brassant des pans entiers de la société autour de thématiques comme le développement économique, le climat, la vision régionale, les politiques ne pourront pas ignorer certains appels.
Avec le retour probable du MR dans les négociations en Wallonie, le PS et Ecolo lui offrent un sale rôle.
Du côté du PS et d’Ecolo, cela semble évident. À l’origine de ce vaste pow-wow citoyen, les deux partis iront probablement jusqu’au bout de la logique en soumettant aux députés du Parlement un texte imprégné par les commentaires de la société civile.
Et après? Sans le ralliement d’un autre parti ou d’une poignée de députés – ce qui est très probable –, PS et Ecolo seront toujours sans majorité parlementaire.
Place donc à une nouvelle séquence avec l’invitation du MR à la table des négociations.
C’est à partir d’ici que de nouvelles difficultés s’annoncent.
Ostracisé, le MR voudra sa vengeance. Sa première réaction sera de faire table rase de ce qui existe en portant un coup de canif dans un texte gouvernemental prémâché par le PS et Ecolo mais aussi fortement imprégné par les remarques de la société civile alors que le parti critique la consultation.
Sorti de son rôle de paria que lui ont donné le PS et Ecolo, le MR voudra marquer de sa patte libérale toute déclaration gouvernementale sur laquelle il apposera sa signature.
Politiquement, cette réaction se tient car on n’imagine pas un Mouvement réformateur s’embarquer aveuglément dans un programme politique de centre gauche au risque de renier ses valeurs libérales et de se faire critiquer par ses militants.
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Ce qui attend le MR est pourtant loin d’être évident. Alors que les enjeux climatiques sont portés par la majorité des partis, la famille libérale osera-t-elle déchirer un texte sur lequel une partie de la société civile a été appelée à rentrer des propositions?
C’est évidemment un sale rôle que lui offrent le PS et Ecolo car dans les deux cas de figure, le MR se retrouvera perdant. À moins de risquer une troisième voie: la paralysie politique! Ce qui n’est pas mieux!