Les yeux grands fermés
L’huile de palme détruit toujours les forêts.
C’est un choix qui s’impose à chacun, aux entreprises comme aux particuliers, aux dirigeants politiques comme à leurs électeurs: affronter les conséquences de ses actes ou fermer les yeux. Chercher l’entre-deux est illusoire, le cas emblématique de l’huile de palme est là pour l’illustrer. Dans une enquête internationale qu’elle publie aujourd’hui, l’organisation de protection de l’environnement Greenpeace montre comment de grands groupes – d’Unilever à Mondelez en passant par Nestlé – affrontent un défi d’intérêt planétaire les yeux grands fermés.
La loi de l’offre et de la demande agira-t-elle assez vite pour sauver ce qui peut l’être?
Le problème est dantesque: leurs industries dépendent d’huile de palme pour laquelle des producteurs continuent d’arracher des milliers d’hectares de forêts primaires. Contribuant ainsi massivement au réchauffement climatique et à la destruction de la biodiversité là où elle est la plus riche.
L’industrie a commencé à affronter le problème en se fixant l’objectif de ne plus s’abreuver qu’à des sources durables de production d’huile de palme. Puis elle s’est surprise à fermer les yeux sur ce qui compte: les détails de la mise en œuvre. Les grandes marques se sont souvent reposées sur des labels peu robustes tout en laissant leurs fournisseurs entretenir le flou sur l’origine de leur production. Et pendant ce temps, la déforestation de l’Indonésie a continué de gagner du terrain.
La légèreté, dans ces matières ne passe plus. Il est fini le temps du greenwashing de papa: aujourd’hui, à l’échelle mondiale, plus de 70% des jeunes adultes (les "Millenials") se disent prêts à payer plus pour des produits "environnementalement durables". Chercher des modes de production réellement respectueux de la planète est le meilleur moyen de s’attirer les faveurs de consommateurs exigeants, et cela demande une remise en question profonde – les yeux grands ouverts, donc.
Reste aux politiques et à leurs électeurs à se poser cette autre question: la loi de l’offre et de la demande agira-t-elle assez vite pour sauver ce qui peut l’être?
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