Négociations fédérales: transformer l’essai

Rédacteur en chef

Des portes ont claqué cette semaine dans les négociations fédérales. Mais elles sont toujours ouvertes. Un travail non négligeable a déjà été engrangé sur d’importants points de réforme, pourvu qu’il ne s’arrête pas là.

Hervormingen. La note de synthèse de l’ex-formateur Bart De Wever démarre sur ce mot. Réformes. Sur de nombreux points, sa ‘supernote’ n’a rien de chèvre-choutiste, on y lit au contraire une nette envie de faire bouger les lignes.

C’est en premier lieu de marché du travail qu’il y est question. L’ambition des cinq partis à la cause (N-VA, MR, Les Engagés, Vooruit, CD&V) est à la fois de moderniser la concertation sociale, de réduire les allocations de chômage dans le temps, de flexibiliser les fins de carrière, de moderniser un droit du travail devenu inadapté à nos modes de vie, de réinsérer les malades de longue durée en responsabilisant tout le monde (employeurs, travailleurs, médecins traitants, mutualités, services régionaux pour l’emploi). En synthèse: ça envoie du lourd, on n’est pas du tout dans la recherche du plus petit commun dénominateur.

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Autre exemple, les cinq partis ont également phosphoré sur un autre gros dossier, les pensions, conscients de "l’urgence de réformes efficaces" lit-on, dans un pays marqué par le vieillissement de sa population et le mauvais état de ses finances publiques. Il y a cette volonté de renforcer le lien entre carrière effective et montant de la pension, de renforcer aussi la pension complémentaire ou encore d’harmoniser les régimes de pension (salariés, fonctionnaires, indépendants). Ici aussi, on ne rase pas les murs.

Bref, il y a déjà pas mal de boulot qui a été abattu par les partis autour de la table. L’Arizona est entrée assez vite dans le vif du sujet. C’est déjà beaucoup, dans un pays où la perte de temps est devenue une habitude politique.

Il y a les recettes et il y a les dépenses

Alors oui, sur le volet financement, le nerf de la guerre, on n’y est pas encore. Manifestement, les équilibres n’ont pas encore été trouvés. A-t-on pris le temps nécessaire pour faire converger les points de vue? A-t-on suffisamment débattu ensemble – pas en bilatérales, mais ensemble – de toutes les options en la matière? A-t-on examiné la colonne des dépenses publiques avec autant d’attention que celle portée aux recettes (c’est-à-dire aux impôts et taxes)?

Faire en sorte que chaque euro prélevé soit justifié et que chaque euro dépensé soit utile.

Dans un État qui taxe fort et qui dépense encore plus (d’où un bilan financier en délicatesse), ce serait faire œuvre utile que d’examiner en profondeur ces deux facettes de l’action publique. Il n’y a pas d’autre approche possible si l’on veut que chaque euro prélevé soit justifié et que chaque euro dépensé soit utile. C’est là un travail lourd et complexe, oui, mais cette réforme-là est tout aussi nécessaire que celles touchant à l’emploi et aux pensions.

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Désigné médiateur après que Bart De Wever a remis son tablier, Maxime Prévot a pour mission de renouer le dialogue. Jouable dans la mesure où les cinq présidents de parti se disent motivés à l’idée de poursuivre les négociations. Il y a donc encore moyen de transformer l’essai.

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