Rééquilibrer, ancrer et alléger
Bain de sang social chez ING.
La succession assomme. Caterpillar, Axa, ING… Milliards et emplois valsent. Et les populistes les font danser ensemble, pourfendant le capitalisme. À tort et à raison. À tort, parce que les bénéfices plantureux d’un jour ne sont pas l’assurance de gains dodus le lendemain: pour gagner, il faut parfois reculer et sacrifier, y compris, malheureusement, des emplois. À tort, parce que tous les postes perdus ne se ressemblent pas. Ici, il y a des erreurs de gestion, des grèves épidermiques, là un secteur en mutation ou une conjoncture tellement triste qu’elle déprime les usines. À tort, parce que tous les actionnaires ne salivent pas à la vue de bains de sang sociaux nourrissant des courbes boursières ascendantes. La cupidité ne ronge pas toutes les âmes…
À lire → Retrouvez notre dossier sur la restructuration chez ING
À raison aussi. Car la brutalité des chiffres éprouve le système. Jusqu’à poser trois questions majeures.
Promouvoir la créativité et l’entrepreneuriat dès le plus jeune âge profiterait à tous là où, aujourd’hui, sont plutôt vantées des valeurs moutonnières.
Primo, faut-il un rééquilibrage entre le travail et le capital? Dans un moment de l’Histoire où la conscience collective et citoyenne s’évanouit face à un individualisme exacerbé, avec le poujadisme en embuscade, où le chômage se décline désormais en termes structurels, ce rééquilibrage n’apparaît pas comme un caprice anachronique de communiste névrosé.
Secundo, faut-il promouvoir le patriotisme économique? La tentation est grande… Une ING qui serait restée BBL aurait-elle taillé de la même manière dans l’emploi? Ancrer davantage le patrimoine présenterait sans nul doute des vertus. Si un chouïa de fierté nationale et une dose de protectionnisme, à vocation écologique par exemple, ne feraient guère de tort, organiser un véritable repli, une sorte de résistance aveugle à l’internationalisation, serait cependant plus meurtrier que bénéfique. En revanche, promouvoir la créativité et l’entrepreneuriat dès le plus jeune âge profiterait à tous là où, aujourd’hui, sont plutôt vantées des valeurs moutonnières privilégiant un salariat souvent peu ambitieux.
Tertio, quelle fiscalité instaurer pour favoriser un climat propice à l’investissement et à l’emploi? Le projet gouvernemental d’uniformisation et d’abaissement du taux d’imposition des sociétés s’oriente dans la bonne direction. Comme les réductions de charges sociales. En termes d’emploi, les effets ne se mesureront (malheureusement) qu’à moyen terme. Trop peu est toutefois encore entrepris pour favoriser l’investissement et pour réduire la pression fiscale sur le travail. Coupler ces deux objectifs pourrait pourtant créer de nouveaux leviers. Voire quelque enthousiasme…
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