Vers une politique migratoire humaine en Europe
L'immobilisme de la politique migratoire européenne s'est traduit par un entassement de réfugiés dans des camps comme celui de la Moria, faisant d'eux des humains de seconde zone.
L'incendie du camp de réfugiés de la Moria a remis à l'ordre du jour les failles de la politique migratoire européenne. Cet événement tragique rappelle "douloureusement que l'Europe doit agir dans l'unité", a lancé mercredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, lors de son discours sur "l'état de l'Union". La semaine prochaine, elle présentera le nouveau pacte européen sur les migrations. "Nous adopterons une approche axée sur l'humain et empreinte d'humanité", a-t-elle promis, lançant un défi aux Vingt-sept de se mobiliser pour répondre "ensemble" à la crise.
Elle s'est engagée à "abolir" le règlement de Dublin, qui confie la responsabilité du traitement des demandes d'asile au pays de première entrée des migrants sur le territoire européen. La crise migratoire de 2015 a mis en lumière l'iniquité de cette législation et le manque de solidarité entre Etats qui font porter le poids de la migration à quelques pays, comme la Grèce et l'Italie.
L'immobilisme de la politique migratoire européenne s'est traduit par un entassement de réfugiés dans des camps comme celui de la Moria, faisant d'eux des humains de seconde zone. Rangés derrière des fils barbelés, ces milliers d'hommes, de femmes et d'enfants n'espèrent plus rien sinon de survivre, oubliés d'un monde hermétique à leur misère.
La plupart des gouvernements du nord et de l'est de l'Europe se targuent d'une politique migratoire musclée auprès de leur électorat, confortant ainsi l'émergence d'une population de réfugiés en marge de l'humanité. Certains bloquent au Conseil européen les réformes essentielles. Pourtant, comme l'a rappelé Ursula von der Leyen, "la migration a toujours existé en Europe – et elle existera toujours. Au fil des siècles, elle a défini nos sociétés, enrichi nos cultures et façonné nombre de nos vies".
Les gouvernements européens seraient avisés de réveiller leur part d'humanité et d'entendre le message de la Commission. Car jusqu'ici, les politiques centrées sur le repli national se sont soldées par la fermeture des frontières aux naufragés d'un monde de plus en plus aride et impitoyable. Et par la mise au placard des valeurs fondatrices de l'Europe, le respect de la dignité et de la vie humaine. Cet oubli pourrait, s'il persiste, signer le crépuscule de notre humanité.
Les gouvernements européens seraient avisés de réveiller leur part d'humanité et d'entendre le message de la Commission.
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