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analyse

Pour les Ukrainiens, le tir du missile Oreshnik "ne change rien"

Le président russe Vladimir Poutine s'adresse aux citoyens russes depuis le Kremlin, à Moscou, le 21 novembre 2024. ©EPA

Le tir du missile balistique Oreshnik contre l'Ukraine a provoqué de nombreuses réactions. Mais cette "nouvelle arme", qui n'existe qu'en petite quantité, n'accroît pas les capacités de frappe russes.

Les réactions se poursuivaient, vendredi, au lendemain du tir d'un missile balistique hypersonique Oreshnik contre la ville de Dnipro en Ukraine, suivi d'un discours du président russe Vladimir Poutine liant cette "nouvelle arme" à sa rhétorique nucléaire. Le chancelier allemand Olaf Scholz a qualifié ce tir de "terrible escalade". La Chine a appelé les belligérants au "calme".

À Kiev, le Parlement ukrainien est resté fermé en raison du risque d'une attaque russe contre le quartier gouvernemental, une zone de la capitale épargnée à ce jour.

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L'Ukraine "soulèvera la question de limiter la capacité de la Russie à produire ce type d'armement".

Andriï Sybiga
Ministre ukrainien des Affaires étrangères

L'Otan a convoqué une réunion d'urgence du Conseil Otan-Ukraine, mardi prochain, pour discuter de la crise et du risque d'escalade. L'Ukraine "soulèvera la question de limiter la capacité de la Russie à produire ce type d'armement", a averti le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andriï Sybiga.

Moscou menace

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a pris le relais de Poutine pour insister sur les représailles que la Russie mènerait si les frappes ukrainiennes à longue portée contre la Russie, autorisées par les États-Unis, se poursuivaient. "Le discours d'hier était très, très exhaustif, clair et logique", a-t-il dit.

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La veille, le président russe avait affirmé que le conflit a désormais "un caractère mondial" en raison du tir par Kiev contre la Russie de missiles ATACMS et HIMARS américains, et de Storm Shadow britanniques.

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Missile Oreshnik

La Russie a tiré jeudi plusieurs missiles depuis Astrakan contre une usine de satellites ukrainienne à Dnipro, sur une distance de 800 km. Parmi les projectiles, un missile balistique hypersonique à portée intermédiaire 9M729 Oreshnik, inconnu et difficile à intercepter.

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L'engin, capable de porter des charges nucléaires et d'atteindre Mach 11, soit 13.582 km/h, a volé pendant 15 minutes. Il a d'abord été confondu avec un missile balistique intercontinental (ICBM), plus destructeur. Washington avait été informé 30 minutes avant le tir.

Le site d'une frappe de missiles russes, à Dnipro, en Ukraine, le 21 novembre 2024.
Le site d'une frappe de missiles russes, à Dnipro, en Ukraine, le 21 novembre 2024. ©REUTERS

L'armée russe ne dispose que d'une dizaine d'exemplaires de ce missile expérimental inachevé. Celui-là était doté de six ogives dont l'explosion fut des plus bruyantes et visible par les habitants.

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D'après un rapport de l'Institute for the Study of War (ISW), le tir a surtout servi à "amplifier le spectacle de la frappe et à suggérer une menace nucléaire". Un objectif psychologique, nourrissant la menace de Poutine de recourir à l'arme atomique.

Pour l'ISW, cet engin n'est pas plus efficace que d'autres déjà utilisés contre l'Ukraine, comme les missiles balistiques Iskander et hypersonique Kinjal, à capacité nucléaire.

Pas d'inflexion significative

"Poutine pense comme à l'ère soviétique : il continue à jouer la carte de la peur."

Serhii Kuzan
Président du Centre ukrainien de sécurité et de coopération

Lors de son discours télévisé, Poutine a menacé de frapper les installations militaires occidentales assistant les frappes ukrainiennes à longue portée contre la Russie. Cette nouvelle "ligne rouge" ressemble aux précédentes qui n'ont jamais été mises en œuvre, par exemple lors de la livraison de chars et d'avions F-16.

"Ni la frappe de missile balistique Oreshnik ni la déclaration de Poutine du 21 novembre ne représentent une inflexion significative des capacités de frappe russes ou de la probabilité d'utiliser une arme nucléaire", souligne l'ISW. Ce think tank américain estime que la rhétorique nucléaire de Poutine vise, avant tout, à décourager l'aide à l'Ukraine.

"Pour les Ukrainiens, ce tir ne change rien, car le nombre d'explosifs qui ont touché notre territoire depuis le début de l'invasion nous ont habitués au danger", dit Serhii Kuzan, président du Centre ukrainien de sécurité et de coopération. "Poutine pense comme à l'ère soviétique : il continue à jouer la carte de la peur. Mais sa seule stratégie est d'assurer à long terme ses gains financiers et sa présidence."

Le résumé
  • Les craintes d'escalade du conflit entre l'Ukraine et la Russie demeurent, après le lancement d'un missile balistique hypersonique Oreshnik contre la ville de Dnipro, suivi de nouvelles menaces du président russe Vladimir Poutine. L'Otan se réunira mardi pour discuter de la crise.
  • L'Oreshnik, un missile expérimental inconnu à ce jour, n'existe qu'en petites quantités. Son explosion fut spectaculaire, mais il n'a pas causé plus de dégâts que les autres missiles tirés par la Russie depuis le début de la guerre. L'ISW estime qu'il ne représente pas un changement significatif dans les capacités de frappe russe.
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