De jolies promesses belges à la foire Art Paris
Quinze galeries belges sont présentes à la 27ᵉ édition de la foire Art Paris qui se tient au Grand Palais. Les Belges forment ainsi le deuxième groupe, derrière les Français.
Le 27e rendez-vous de la scène française des arts plastiques, Art Paris, inauguré en 1999, revient au Grand Palais. "Nos thèmes dominants – le retour du figuratif, le langage pictural ou sculptural, le paysage et l’expression des minorités – occupent notamment deux sections centrales, Immortelle, sur la peinture figurative en France, et Hors-limite, exploration des métissages", explique Guillaume Piens, le commissaire général d’Art Paris.
Le Grand Palais, prestigieux et convoité, coûte cher: "Le stand est à 730 euros le mètre carré, contre 900 euros pour Art Basel Paris, mais je ne veux pas d’un mammouth: cela reste à taille humaine. Trop d’espaces dilueraient la sélection", poursuit-il. Art Paris, qui marie proximité et international, traduit la force des foires régionales, comme la Brafa, "dans un monde qui se démondialise, où les collectionneurs s'éloigneront des États-Unis".
Les galeries belges, bien représentées
Cette édition accueille 15 galeries belges, deuxième contingent de la foire: outre l’Anversoise Ibasho, on retrouve des ténors au double pedigree franco-belge (Almine Rech, La Forest Divonne, Nathalie Obadia, Michel Rein, Modesti Perdriolle ou Templon), ou belgo-luxembourgeois (Alex Reding, Nosbaum-Reding). Ce dernier confie: "Moi qui exerce en périphérie française, je viens à Paris depuis 2009, au contact de la première place européenne. J’ai grandi avec des artistes et collectionneurs français dès le début des années 2000. Je suis ici en famille".
"La section Promesses s’étend aux galeries de moins de dix ans, qui exposent de un à trois artiste."
Vend-il bien? À cette question, il sourit: "De nos jours, on vend, tout court". Le grand nombre de foires, l’excès d’offre et le vieillissement d’une génération de collectionneurs compliquent le contexte. Son enseigne luxembourgeoise reste la locomotive. Sa galerie bruxelloise, rue de la Concorde, ouverte en septembre 2021, a souffert du covid, puis de la guerre en Ukraine depuis mars 2022, des collectionneurs annulant des décisions d’achat. "Bruxelles sera rentable... plus tard", sourit-il encore.
Dans la section Solo show, on retrouve le jeune Anversois Jesse Willems. Très remarqué avec ses pliages aériens rebattant les cartes des traditions futuristes et géométriques abstraites, il est représenté de longue date par Schönfeld Gallery (Anvers-Bruxelles), et l’est aussi, depuis fin 2023, par Clémentine de la Féronnière (Paris).
La section Promesses s’étoffe de neuf à 25 exposants. Marc Donnadieu, commissaire, précise: "La section s’étend aux galeries de moins de dix ans, qui exposent de un à trois artiste." Il ajoute: "Face aux circonstances économiques, la foire leur offre et prend en charge un rabais de 45% sur le prix du stand. Nous accompagnons leurs propositions, qu'ils affinent en fonction de notre public."
Jeunes pousses belges
Parmi les jeunes pousses belges présents, Thomas Ghaye. Le Liégeois a fondé La Peau de l’Ours en s’inspirant d’André Level (1863-1946), critique et marchand d'art, qui fonda, en 1904, la Collection de la Peau de l'Ours, rassemblant de jeunes artistes. "Je l’ai découvert dans la biographie du marchand Kahnweiler par Pierre Assouline, le fondateur du site la République des livres", explique le galériste.
Pour sa première foire, en osmose avec les orientations de Marc Donnadieu, Michèle Schoonjans propose des artistes français, comme Nicolas Delprat, vivant à Bruxelles.
Créée en 2022, par Edward Van Houtte et Ranji Safarian, EDJI Gallery a d’abord été un lieu nomade selon un cycle de deux ans, célébrant les voix BIPOC et LGBTQIA+. Pour sa première Art Paris, le duo met en lumière le Chinois Killion Huang, très inspiré par l’Américain Lousi Fratino (en valeur à la Biennale de Venise 2024). Sa mosaïque de 25 œuvres sur papier et 25 miroirs décline un double regard, intime et impudique: nous regardons des hommes, seuls ou en couple, et nous-mêmes dans ces miroirs.
Félix Frachon (Bruxelles) voyage sur un territoire utopique enjambant trois continents (Europe, Asie, Amérique) avec le Brésilien Mano Penalva et sa transposition des objets rituels, le Français Arnaud Rochard, interprète de l’estampe japonaise, et l’Indien Shine Shivan. Il a construit le stand en remontant à la source du Grand Palais, inspiré de la serre du Crystal Palace (et parent de notre Botanique), avec des œuvres allant de 1.000 à 30.000 euros.
Michèle Schoonjans (Bruxelles), ouverte en 2019, a sa programmation propre depuis janvier 2021. Pour sa première foire, en osmose avec les orientations de Marc Donnadieu, elle propose des artistes français, comme Nicolas Delprat, vivant à Bruxelles. Avec des œuvres de 1.500 à 10.000 euros, quelques ventes suffiraient à couvrir ses frais.
Enfin, la Franco-Japonaise Émilie Démon (Afronova, Johannesburg), présente Individual Beings (IB), des photos de la Sud-Africaine Dimakatso Mathopa imprimées et peintes sur verre, montées sur bois. C’est un récit, réappropriation d’un legs perdu, transmis par la seule parole de sa grand-mère défunte, d’une maison abandonnée par les Afrikaners à la fin de l’apartheid, occupée trois ans par la famille Mathopa, en butte à la jalousie des Noirs et au racisme des Blancs.
L’artiste a frappé à la porte de cette maison, occupée par une autre famille qui connaissait l’histoire des Mathopa... Ici encore, une ramification belge: en septembre, Émilie Démon sera commissaire d’une exposition de photos, "What’s the word Johannesburg", à la Fondation A d’Astrid Ullens (rencontrée en 2024 lors de son exposition "Quand les images apprennent à parler", à LUMA – Arles).
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