La folle semaine de Facebook
Les procès se multiplient contre les dirigeants de la firme de Menlo Park, mais aussi contre la banque Morgan Stanley pour avoir mal informé les investisseurs.
Moins d’une semaine après son introduction en Bourse, Facebook subit l’ire juridique de ses actionnaires. Les révélations du Wall Street Journal ont rendu furieux ceux-ci. Ils accusent la firme de Mark Zuckerberg, mais aussi la banque souscriptrice, pour avoir prévenu certains investisseurs institutionnels de résultats décevants au deuxième trimestre.
Les autres investisseurs, tenus à l’écart de ces informations, auraient perdu collectivement plus de 630 millions de dollars depuis le premier jour de cotation du titre. Et quatre teneurs de marché à Wall Street (UBS, Knight Capital, Citadel et Automated Trading Desk, de Citigroup) ont indiqué avoir subi plus de 100 millions de dollars (80 millions d’euros) de pertes suite aux problèmes rencontrés par le Nasdaq le jour de l’IPO. Pour rappel, la Bourse électronique a retardé d’une demi-heure la cotation du titre, et a connu des problèmes de diffusion des cours pendant deux heures. Bob Greifeld, le patron du Nasdaq, a reconnu que si le groupe avait eu conscience de l’ampleur des problèmes ce jour-là, il aurait annulé l’opération.
Une muraille en cause
Durant un road show au début du mois, les analystes de Morgan Stanley ont revus leurs prévisions pour les résultats de Facebook au second trimestre, après voir été averti par le directeur financier de la firme (voir ci-contre). Ceci a suscité une vague de prudence auprès des investisseurs présents. Certains expliquent que cette méfiance a contribué à la faible performance du titre depuis son introduction. Celui-ci a perdu plus de 16% depuis le 18 mai.
Henri Blodget, ancien analyste spécialisé dans les valeurs technologiques chez Merrill Lynch, souligne que les analystes ne peuvent publier de recherche sur les actions avant 40 jours suivant l’introduction en Bourse. Par contre, rien ne les empêche de communiquer à un groupe de personnes, souligne-t-il. Cette disposition a été prise depuis 2001 suite aux scandales qui ont éclaté dans le secteur technologique durant la bulle internet. Une muraille de Chine avait alors été installée entre les analystes de la banque d’investissement et ceux qui conseillent les fonds aux Etats-Unis. Ironie du sort, selon lui, cette disposition se retourne contre les investisseurs particuliers dans le cas de Facebook. Mais rappelons que le gouvernement Obama projette désormais de défaire ces dispositions.
Les griefs des actionnaires s qui ont intenté un procès contre Morgan Stanley et les dirigeants de Facebook portent davantage sur la discrimination qu’ils ont subie par rapport aux happy few disposant de l’information sur les résultats du groupe.
Un des avocats de Bernstein Leibhard, Stanley Bernstein, défendant les actionnaires de Facebook, souligne que depuis la bulle internet, les banques et Wall Street n’ont pas retenu la leçon. "Ils ont de nouveau exploité les trous dans la législation pour favoriser un groupe d’investisseurs institutionnels au détriment des particuliers. Ce système injuste a besoin d’être corrigé" explique-t-il.
Quelques 25% des actions Facebook ont trouvé le chemin des particuliers le 18 mai. Ceux-ci étaient très enthousiastes pour cette opération très médiatisée. La pilule est amère pour ceux qui se sont précipités sur le titre.
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