Le vélo de société passe la seconde
La promotion du vélo de société n’est plus réservée aux pionniers, tout comme son utilisation ne se limite plus aux déplacements domicile-lieu de travail. Les entreprises et les fournisseurs découvrent ensemble le vélo de société.
Colruyt a lancé sa politique en matière de vélo de société en 2007. "C’était indispensable. La taille de certains parkings diminuait et de plus en plus de collaborateurs utilisaient leur voiture: il ne restait plus assez de place pour les clients. Surtout, nous cherchions plus de durabilité", explique le coordinateur environnemental Vic De Meester, qui gère la politique en matière de vélo. Colruyt a offert un vélo gratuit à ses collaborateurs à condition qu’ils l’utilisent au moins quatre jours de travail sur cinq et n’occupaient plus de place de parking. "La proposition a été étendue aux vélos électriques. Ce programme Bike2Work compte déjà 4.000 vélos ordinaires et 1.000 électriques. Colruyt met également 150 vélos pliables à disposition pour avant ou après un trajet en train. Certains collaborateurs disposent d’un abonnement gratuit à Blue-bike, le système de vélos partagés dans les gares."
Depuis 2013, Colruyt propose également le vélo aux utilisateurs de voitures de société. "Nos 4.500 voitures de société représentent un composant du salaire et sont parfois nécessaires pour la fonction, mais on peut souvent les combiner au vélo ou aux transports en commun", poursuit Vic De Meester. "Nos collaborateurs peuvent échanger leur voiture de société contre une indemnité pour le transport sans voiture. Inconvénient: elle est considérée comme un salaire supplémentaire."
25 millions de km
Fin 2013, Vic De Meester a calculé que les vélos, les transports en commun et le covoiturage permettaient d’économiser plus de 25 millions de km en voiture. Depuis, la croissance s’est stabilisée. Qu’apporte cette approche aujourd’hui? "Le vélo réduit les charges de leasing, parce que les voitures sont moins utilisées. Mais l’initiative destinée aux utilisateurs de voitures de société n’a encore convaincu que quelques dizaines de collaborateurs. Nous poursuivons l’activation qui n’a été lancée que l’an dernier. Par ailleurs, nos parties prenantes tirent également profit de notre politique de vélo. Les clients ont plus de places de stationnement, nos travailleurs font de l’exercice, les émissions et les embouteillages diminuent."
L’intégrateur informatique Cronos entend encourager l’utilisation du vélo de société. "Nos collaborateurs ont moins de 30 ans en moyenne. Ils préfèrent habiter en ville où les possibilités de stationnement sont réduites et les embouteillages fréquents: la voiture de société n’est pas un avantage", remarque Eddy De Nys, gestionnaire de flotte chez Cronos. Récemment, il a offert le petit-déjeuner à ceux qui venaient en vélo ou à pied. "Nous attirons l’attention de nos collaborateurs sur le fait qu’ils ont intérêt à ne pas dépenser tout leur budget dans une voiture de société, mais à en consacrer une partie à un vélo."
Chez Cronos, tous les collaborateurs peuvent opter pour le vélo, même ceux qui n’ont pas de voiture de société. "Nous avons une vingtaine de sites et les vélos sont surtout utiles dans les centres-villes", constate Eddy De Nys. "Les collaborateurs ont le choix parmi dix modèles de vélo, pour un coût total de possession de 50 à 70 euros par mois." Pour le service de vélos de société, il s’est adressé au spécialiste b2bike. "L’offre des sociétés de leasing classiques manque de transparence. C’est la raison du “dégroupement” actuel: certains éléments sont maintenus à l’écart du contrat de leasing, comme le vélo. Pour une société de leasing, il est plus aisé de centraliser et d’organiser l’achat et le service pour des voitures que pour des vélos."
L’essor du vélo de société
B2bike est une entreprise belge qui se spécialise depuis trois ans dans le leasing de vélos, avec un service que l’on peut comparer à celui d’une société de leasing de voitures. "B2bike est une spin-off de cinq magasins iBike de la région anversoise. La première année a été difficile", reconnaît son CEO, Johan De Mulder. "Grâce à nos magasins, l’investissement de départ est resté raisonnable. Nous avons ajouté un gestionnaire de flotte en ligne, une assurance très complète et des tarifs d’entretien forfaitaires." Aujourd’hui, b2bike a 760 vélos sous contrat. Ce nombre comprend la sous-traitance pour les sociétés de leasing classique. "En fait, nous sommes devenus une société de leasing de vélos parce que personne ne proposait un service aussi complet. Notre but est de l’intégrer dans l’ensemble de l’offre de leasing."
Johan De Mulder propose un bel assortiment de vélos, mais il sait qu’il ne peut pas encore être aussi étendu qu’un assortiment de voitures. "Nous proposons quinze marques de vélos, soit plusieurs centaines de modèles et nous continuons à étendre la gamme. Le vélo apporte une super plus-value là où il y a le plus d’embouteillages et de problèmes de stationnement. Le vélo de société est intégré dans la rémunération. Il y a des rulings pour ceux qui renoncent à une partie de leur salaire brut en échange d’un vélo en leasing. L’opération est neutre du point de vue des coûts pour l'employeur et le salarié ne paie qu’un tiers du montant du leasing. Pour un leasing de 35 euros nets, il dispose d’un vélo haut de gamme qui vaut 100 euros par mois."
La complexité liée à la gestion du vélo tend à dissuader les gestionnaires de flottes, remarque De Mulder. "C’est pourquoi nous prenons la totalité du service à notre charge et nous rationalisons le suivi administratif. Ne pensez pas qu’il n’y a pas d’adhésion. Une partie des collaborateurs trouve toujours un intérêt dans une alternative comme le vélo. Et le vélo est déductible fiscalement à 120%, et n’est pas imposé au titre d’avantage de toute nature."
Et la fiscalité?
ALD Automotive est l’une des sociétés qui propose des vélos en leasing. "La demande vient du marché", souligne Ann Larosse, Product Manager New Products. "Depuis un an, les moyens de transport alternatifs sont en plein essor. Nous travaillons avec b2bike, ainsi qu’avec AS Adventure, qui dispose de 40 sites."
Le leasing de vélos est différent du leasing de voitures. "Nous amortissons directement la totalité du vélo. À la fin du contrat, il devient la propriété du client, qui le laisse généralement à son collaborateur." ALD a développé le volet services, avec un service de dépannage et une assurance. L’entretien est confié au fournisseur du vélo. Ann Larosse constate que les PME sont les plus rapides à adapter leur politique de flotte, parce qu’elles peuvent décider plus vite. "La complexité fiscale reste un obstacle." Elle et d’autres interlocuteurs dans ce domaine espère que le gouvernement simplifiera grandement la fiscalité.
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