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Critique de "Wild God", le nouvel album de Nick Cave & The Bad Seeds

Conteur hors pair, Nick Cave consigne ses malheurs comme autant de paraboles musicales. ©Megan Cullen

Obsédé par les figures sacrées, bibliques ou mythologiques, Nick Cave se confronte volontiers aux forces du bien et du mal, poussant souvent la mise en scène à l'excès, quitte à transgresser les frontières qui séparent ses fictions de la réalité.

Épaulé des Bad Seeds, ses disciples et fidèles musiciens, le chanteur australien Nick Cave revient ainsi avec "Wild God", un dix-huitième album démonstratif et ambivalent qui, en dix chansons tirées à quatre épingles, célèbre la vie, sans vraiment éluder la mort.

Enregistré entre Londres et le château provençal de Miraval, propriété d'un certain Brad Pitt, le disque enterre définitivement les images d'antan. Adieu le gothique écorché, le punk torturé ou le prêcheur menaçant! À 66 ans, Nick Cave assume son rôle de crooner hanté par les traumas et les coups du sort. À commencer par la chute mortelle de son fils Arthur à l'été 2015, suivie du suicide de Jethro, son aîné, au printemps 2022.

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Le nouveau "Wild God" poursuit l’effort de rémission à grand renfort de chœurs grandiloquents, d'arrangements luxuriants et d'effets (de manche).

Rongé par le chagrin, rattrapé par cette mort qu'il a tant chantée, l’artiste se retape en deux disques d'une noirceur rédemptrice ("Skeleton Tree" et "Ghosteen"). Conteur hors pair, il consigne depuis lors ses malheurs comme autant de paraboles musicales.

Produit en compagnie de l'ami Warren Ellis, mixé par Dave Fridmann (MGMT, Tame Impala), le nouveau "Wild God" poursuit l’effort de rémission à grand renfort de chœurs grandiloquents, d'arrangements luxuriants et d'effets (de manche). Dans l'esprit, l’affaire se situe à mi-chemin entre Leonard Cohen - période "You Want it Darker" - et le tube "Don't Worry Be Happy" de Bobby McFerrin. Au creux de cette ambiguïté, il y a des splendeurs (le puissant "Song Of The Lake" en ouverture), mais aussi quelques erreurs ("As The Waters Cover The Sea", une clôture aux allures de chant de Noël).

Par moments, c’est une évidence: le prince des ténèbres cabotine dans l'ombre de son prestigieux passé. Toutefois, si cet album devait être le dernier, il resterait gravé dans l'histoire comme un inoubliable chant du cygne.

ROCK

"Wild God"

de Nick Cave & The Bad Seeds.

PIAS.

En concert les 30 et 31 octobre au Sportpaleis (Anvers).

Note de L'Echo:

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