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"Kevin" aux Tanneurs: un élève a perdu le nord

Dans "Kevin", chaque spectateur reçoit à l’entrée de la salle une flèche dessinée sur un carton qu'il devra orienter à plusieurs moments du spectacle. ©Jerome Van Belle

Après "La convivialité", Arnaud Hoedt et Jérôme Piron abordent la question de l’échec scolaire dans un spectacle aussi brillant que drôle.

À quoi sert l’école? Mieux: à qui sert l’école? Ces deux questions constituent le socle sur lequel le tandem d’ex-profs a bâti son nouveau spectacle: "Kevin". Kevin est un enfant de l’enseignement différencié qui ne comprend pas ce que lui demande son professeur, à savoir se situer géographiquement dans la classe par rapport à un plan. Et le problème est que le professeur ne comprend pas pourquoi Kevin ne comprend pas.

Arnaud Hoedt et Jérôme Piron démontent pièce par pièce le mécanisme qui mène à l’échec scolaire.

C’est à partir de cette incompréhension réciproque qu’Arnaud Hoedt et Jérôme Piron démontent pièce par pièce le mécanisme qui mène à l’échec scolaire. Sans jouer une seule seconde la carte du grand complot, ils n’en appellent pas moins les études et autres statistiques à la rescousse pour nous exposer que le système éducatif a mis en place des stratégies et des programmes, parfois invisibles et inconscients, pour favoriser la réussite des uns (en gros, les plus nantis) et l’échec des autres (les plus défavorisés socialement).

Ils en profitent pour remonter le temps et nous raconter l’histoire de l’enseignement, depuis les Grecs et les Romains, jusqu’aux années 80 où apparaît le concept d’égalité des chances, fabuleux objectif qui n’a jamais été atteint.

Participation du public

Comme dans "La convivialité", nos deux vrais faux conférenciers comptent sur la participation active du public. Celle-ci prend la forme, entre autres, d’une flèche dessinée sur un carton que chaque spectateur reçoit à l’entrée de la salle et qu’il devra orienter à plusieurs moments d’un spectacle qui utilise tous les moyens visuels, dont les plus ludiques, pour nous expliquer, par exemple, que les filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons parce qu’elles sont moins en compétition et qu’elles pratiquent davantage l’entraide, que les taux de réussite scolaire varient selon des facteurs comme les conditions sociales, les prénoms ou même le physique des élèves et qu’enfin l’enseignement se présente en réalité comme un véritable marché.

Ce spectacle pose surtout la question de savoir comment sortir de cette espèce de fatalité de l’échec.

Attention, "Kevin" ne juge aucune des parties prenantes à l’enseignement, ni les parents, ni les enseignants, mais plutôt un système global. Ce spectacle, qui nous présente avec des exemples précis ce que nous savions tous sans pouvoir le théoriser comme ils le font brillamment, pose surtout la question de savoir comment sortir de cette espèce de fatalité de l’échec. Avec ce nouveau projet, Arnaud Hoedt et Jérôme Piron semblent creuser un sillon théâtral où leur irrésistible second degré sert à nous faire cogiter et à provoquer une prise de conscience salutaire.

Bande-annonce "Kevin"

Théâtre

"Kevin"

Mis en scène par Arnaud Hoedt et Jérôme Piron

Jusqu’au 18 novembre au Théâtre Les Tanneurs: lestanneurs.be; du 21 au 25 novembre à l’Ancre de Charleroi: ancre.be, du 29 novembre au 2 décembre au Théâtre de Namur: theatredenamur.be, du 5 au 16 décembre au Studio 12 de Louvain la Neuve: atjv.be En savoir plus

Note de L'Echo:

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