Bien que la majorité des travailleurs disposant d'une voiture électrique de société aient accès à une borne de recharge à domicile fournie par leur employeur, un quart d'entre eux n'en profite guère.
C'est ce qui ressort d'une analyse menée par MobilityPlus, un gestionnaire de bornes de recharge. Ces travailleurs redoutent, en effet, l'impact de la recharge sur leur facture énergétique.
Avec près de 25.000 points de recharge en Belgique, répartis équitablement entre les sites d'entreprises et les domiciles des employés, MobilityPlus a constaté que 26% des bornes domestiques ne sont utilisées que trois fois par mois, voire moins. Le volume moyen de recharge à domicile a même chuté ces derniers mois, passant de 330 kilowattheures (kWh) en janvier à un peu plus de 280 kWh en mars.
Si Kris Pensaert, co-CEO de MobilityPlus, pointe cette situation, le phénomène n'étonne guère les experts. De nombreux conducteurs de voitures de société électriques redoutent l'impact financier de la recharge à domicile et préfèrent dès lors s'en passer. "Les employés hésitent souvent à recharger chez eux", a-t-il déclaré.
Les frais de recharge à domicile varient en effet en fonction de divers facteurs propres à chaque employé.
Causes du désintérêt
Deux facteurs jouent un rôle important. "Depuis l'introduction du tarif capacitaire (depuis le 1ᵉʳ janvier 2023 en Flandre, NDLR), nous avons déjà observé une baisse", a-t-il précisé.
Ce tarif concerne les tarifs de réseau de la facture d'énergie et il n'est pas encore appliqué à Bruxelles et en Wallonie. Dans les grandes lignes, plus l'utilisateur consomme de l'électricité à un moment donné, plus ça lui coûtera cher en matière de tarifs de réseau.
"Mais depuis le nouveau tarif forfaitaire (qui concerne, lui, les trois Régions, NDLR) pour le remboursement des coûts de recharge, cette tendance s'est encore accentuée. De plus en plus de conducteurs délaissent ainsi la borne de recharge à domicile."
Trop grande complexité
Pour rappel, depuis le début de l'année, une circulaire fiscale encadre le remboursement des frais de recharge à domicile pour les voitures électriques. En théorie, les entreprises doivent rembourser les coûts réels de recharge, mais cela s'avère en général bien trop complexe pour la plupart des employeurs.
Il existe des différences importantes avec l'indemnité forfaitaire que les entreprises appliquaient auparavant, ce qui se traduit souvent par une indemnité moindre.
Les frais de recharge à domicile varient en effet en fonction de divers facteurs propres à chaque employé: contrat d'énergie, moment de la recharge, tarif capacitaire (en Flandre), présence de panneaux photovoltaïques, etc.
Face à cette complexité, la plupart des entreprises optaient jusqu'ici pour un remboursement forfaitaire basé sur le prix moyen de l'électricité en Belgique.
La circulaire fiscale autorise temporairement ce remboursement forfaitaire. Cependant, il existe des différences importantes avec l'indemnité forfaitaire que les entreprises appliquaient auparavant, ce qui se traduit souvent par une indemnité moindre.
"Tout cela rend la recharge à domicile moins attrayante financièrement", constatait Pensaert. Les employés se tournent dès lors de plus en plus volontiers vers les bornes publiques, bien que celles-ci soient plus coûteuses pour l'employeur, avec des tarifs de recharge qui sont dans bien des cas deux fois plus élevés qu'à domicile.