Pourquoi Mithra a mordu la poussière en Bourse
Après avoir bondi de 10% mardi après l'annonce de son partenariat avec Mayne Pharma, l'action Mithra a dévissé de plus de 11% ce mercredi. Les raisons de cette disgrâce.
Douche froide ce mercredi pour l’action Mithra qui a dévissé de plus de 11% au lendemain de son contrat qualifié d’historique avec Mayne Pharma pour la commercialisation de la pilule contraceptive Estelle aux Etats-Unis. Le titre a touché un plus bas en séance de 26,96 euros soit une chute de 11,3%.
En échange des droits de licence exclusifs de 20 ans accordés à son partenaire australien, Mithra percevra au minimum 295 millions de dollars en droits de licence.
Plus de détails sur l'accord
Grâce au communiqué publié par Mayne, on en sait un peu plus sur les détails de cet accord.
A sa conclusion, la biopharma liégeoise recevra 8,75 millions de dollars en cash et 4,95% d’actions de Mayne Pharma. Une fois le feu vert des autorités sanitaires américaines (FDA) obtenu, Mithra empochera 11 millions supplémentaires et 4,65% d’actions en plus, ce qui portera le total de sa participation à 9,6%. Elle pourra aussi siéger au conseil d’administration de son partenaire.
Le montant total de 295 millions de dollars sera payé si les ventes cumulatives de l’Estelle dépassent 2,25 milliards de dollars sur 20 ans. Mayne estime que le potentiel maximum des ventes devrait dépasser 200 millions de dollars par an.
Dans nos colonnes, François Fornieri, le CEO de Mithra, juge que, selon son scénario pessimiste, le chiffre d’affaires cumulé de la pilule Estelle aux USA devrait atteindre au moins 4,5 milliards d’euros sur la durée du contrat. La commercialisation devrait débuter en 2021.
La biopharma a également annoncé mardi un accord favorable avec les anciens actionnaires d’Uteron Pharma qui détenait l’actif E4 d’Estelle avant sa cession à Mithra.
Pourquoi une telle chute?
Qu’est-ce qui a bien pu provoquer une telle chute de l’action en Bourse après cette double annonce?
Manifestement, les attentes du marché n’ont pas été rencontrées. Il est vrai qu’il espérait une "big pharma" comme partenaire, ce qui n’est pas vraiment le profil de Mayne, dont la capitalisation boursière est nettement inférieure à celle de Mithra et dont l’action est actuellement un "penny stock" (action dont le cours est inférieur à un dollar ou un euro, NDLR).
Peut-être aussi que les différences de perspectives de ventes formulées par les partenaires ont refroidi les ardeurs. Mayne évoque un pic de vente annuel qui devrait dépasser les 200 millions de dollars par an, soit 4 milliards sur 20 ans, alors que François Fornieri parle de 4,5 milliards d’euros dans un scénario pessimiste.
Trevor Hougen de Degroof Petercam pointe aussi la complexité de cet accord et la taille modeste (8,75 millions de dollars) du montant de l’avance.
Les analystes divisés
Alors qu'ils étaient sur la même longueur d'ondes, les analystes qui suivent la valeur sont désormais divisés.
C’est une bonne nouvelle pour Mithra. Ils ont trouvé un partenaire solide pour atteindre le marché américain de la contraception qui est valorisé aujourd’hui autour de 5,4 milliards de dollars."
Même s'il formule de légères critiques, Trevor Hougen salue globalement cet accord et se déclare satisfait du pedigree de Mayne Pharma. "C’est une bonne nouvelle pour Mithra. Ils ont trouvé un partenaire solide pour atteindre le marché américain de la contraception qui est valorisé aujourd’hui autour de 5,4 milliards de dollars."
L’analyste maintient sa recommandation à "acheter" et a relevé son objectif de cours de 3 euros à 37 euros. Même topo chez Kepler Cheuvreux qui est passé de 35 à 37 euros tout en restant à l’achat.
Chez KBC Securities, par contre, on a revu à la baisse les estimations de ventes de l’Estelle aux Etats-Unis à un pic annuel de 226 millions de dollars contre 472 millions avant. Sur 10 ans, elles pourraient atteindre un milliard de dollars. Le broker a dès lors réduit son objectif de cours sur six mois de deux euros à 31 euros. Le conseil passe d’acheter à "accumuler ".
Changement de "reco" également chez Kempen qui adopte une position "neutre" contre un conseil d'achat auparavant. L’objectif de cours est amputé de 3 euros à 32 euros.
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