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Philippe Defeyt: "Georges-Louis Bouchez n'a pas conscience de ce qui se passe réellement avec les petits revenus"

Le crédit d'impôts immédiatement et intégralement remboursable: la voie choisie par l'économiste Philippe Defeyt pour aider les plus bas revenus en ces temps de grosse crise. ©Thierry du Bois

Il faut relancer l'économie belge. Les pistes existent. À côté des mesures comme les chèques mensuels du PS ou la réforme fiscale du MR, Philippe Defeyt préfère le crédit d'impôt immédiatement remboursable. Pourquoi?

Les ravages directs du Covid-19 s'apaisent: les hospitalisations diminuent, les nouveaux cas aussi, de même que les décès. Mais les dégâts économiques semblent énormes. La récession sera lourde cette année et le rebond, un temps espéré rapide, risque de se faire attendre. 

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Les plans de relance semblent donc nécessaires. Au niveau européen, Angela Merkel et Emmanuel Macron ont proposé lundi une stratégie pour l'Europe, à hauteur de 500 milliards d'euros.

Et en Belgique? Pour le moment, les différents gouvernements ont élaboré des mesures afin de parer au plus pressé. Pour un grand plan de relance au niveau fédéral, les idées commencent à sortir de tous côtés. Un des axes, c'est l'amélioration du pouvoir d'achat. Ainsi, le PS propose une aide mensuelle de 200 euros pour toutes les personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Au MR, on envisage plutôt une réforme fiscale en faveur des bas et moyens revenus.

"Évitons de créer de nouveaux dispositifs, utilisons ce qui existe."

Philippe Defeyt
Economiste

Par rapport à la proposition du PS, "je préfère une solution plus structurelle", explique l'économiste Philippe Defeyt. "Tout le problème est de savoir à qui on distribue ces chèques. C'est difficile de cibler 'les pauvres du CPAS'..."

Déséquilibres

Quant à l'idée d'une baisse de la fiscalité, "je pense que Georges-Louis Bouchez n'a pas conscience de ce qui se passe réellement avec les petits revenus. Lui, il pense plutôt aux gens qui gagnent entre 1.700 et 2.000 euros. On a déjà beaucoup fait pour les bas salaires et c'est très bien. Mais on a créé un déséquilibre: pour un petit salaire à temps plein, ça fonctionne. Mais une personne travaillant à 60%, dans les titres-services par exemple, avec deux enfants à charge, aura les mêmes revenus qu'une personne isolée. Et le problème des formules qui existent, c'est que les gens sont remboursés des impôts un an et demi plus tard. Ça ne va pas! On pense qu'on est dans un État moderne, mais non! On n'est même pas capable d'ajuster rapidement les interventions publiques. Vous savez, certains vont devoir rembourser des impôts après avoir bénéficié du droit passerelle. D'autres seront remboursés. Avec les moyens actuels, il n'est plus normal d'attendre des mois pour tout ça."

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Crédit d'impôt immédiat

"On pense qu'on est dans un État moderne, mais non! On n'est même pas capable d'ajuster rapidement les interventions publiques."

Philippe Defeyt
Economiste

Alors, que faire? Philippe Defeyt a adressé une proposition à certains parlementaires. Il envisage l'application du système de crédit d'impôt. Pour commencer, il conseille la transformation de la quotité exonérée d'impôt (25% sur la première tranche de 9.450 euros) en crédit d'impôt immédiatement et intégralement remboursable. Ce qui donnerait un crédit d'impôt de 200 euros/mois. Les réductions fiscales pour enfants à charge seraient aussi muées en un tel crédit d'impôt. "Parfois, le net serait supérieur au brut, l'employeur devrait payer un précompte négatif. Mais ça ne pose aucun problème, il se fait rembourser par l'État. Et pour celui-ci, il n'y aurait pas de coût structurel. Juste la première année, le temps de mettre le système en branle, mais avec les taux d'intérêt actuels, ce n'est pas vraiment un souci de trésorerie."

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"Pour tous les contribuables dont le revenu imposable est supérieur à 9.450 euros/an, cela ne change strictement rien, mais pour tous ceux qui gagnent moins (par exemple un travailleur qui fait environ un mi-temps au salaire minimum) cela augmente le net", argumente l'économiste à la tête de l'Institut pour un Développement durable. "On est en mesure de le faire! Évitons de créer de nouveaux dispositifs, utilisons ce qui existe."

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