Les difficultés de Credit Suisse sont loin d'avoir disparu

Le rachat précipité de Credit Suisse n'a pas rassuré ses clients. Bien au contraire. La banque helvétique a annoncé lundi avoir enregistré des sorties nettes de capitaux de 61,2 milliards de francs suisses au premier trimestre. Certes, ces retraits sont moins importants que durant la période entre octobre et décembre 2022 (110,5 milliards), mais ils montrent que la crise de confiance dans l'établissement n'est pas résolue.

"La performance du Credit Suisse au premier trimestre 2023 a été principalement affectée par les actions menant à et découlant de la fusion prévue entre Credit Suisse et UBS, qui a été annoncée le 19 mars 2023, et par d'importantes sorties de dépôts et d'actifs nets", explique la société dans son communiqué.

Cela a sans surprise pesé sur les résultats de Credit Suisse. La banque a fait état d'une baisse de 40% de ses revenus nets ajustés, à 2,73 milliards de francs contre 4,58 milliards un an auparavant. Au final, elle a acté une perte ajustée avant impôts de 1,3 milliard de francs. Et ce, malgré un gain de 700 millions de francs avec la vente d'une part de ses activités de produits titrisés à Apollo Global Management.

Du côté des ratios financiers, le ratio de fonds propres en action CET1 (Common Equity Tier 1) était de 20,3% fin mars, contre 14,1% fin décembre. Cette amélioration en trompe-l’œil est principalement due à la dépréciation des obligations AT1 (Additionnal Tier 1) décidée par le gendarme suisse des marchés financiers, la Finma.

Des résultats "alarmants"

Si les investisseurs semblent avoir apprécié les chiffres présentés par Credit Suisse, l'action évoluant en hausse au sein de l'indice phare de la Bourse de Zurich, les analystes sont plutôt dubitatifs. "L'ampleur des pertes et des sorties de fonds est alarmante", souligne-t-on chez Keefe, Bruyette & Woods (KBW). "La trajectoire des revenus est tellement dégradée que la fusion pourrait bien continuer à peser sur les résultats d'exploitation d'UBS, à moins qu'un plan de restructuration plus approfondi ne soit annoncé."

La tâche s'annonce ardue pour le groupe consolidé. Le président d'UBS, Colm Kelleher, a déjà prévenu que l'intégration de Credit Suisse – qui pourrait prendre jusqu'à 4 ans – sera plus difficile que la plupart des sauvetages bancaires effectués pendant la crise financière de 2008. D'autant que les perspectives restent sombres pour Credit Suisse. La banque s'attend à "une perte substantielle" au deuxième trimestre ainsi que sur l'ensemble de l'année 2023, tant au niveau du groupe que dans sa banque d'investissement.