Publicité

Droits de douane américains sur les voitures, un clou dans le pneu des constructeurs européens?

Volkswagen (ici la tour de stockage du constructeur automobile allemand, au siège de Wolfsburg) produit 80% de ses ventes américaines en dehors des États-Unis. ©AFP

25% de droits de douane additionnels pour tous les véhicules produits en dehors du sol américain et importés aux États-Unis. L'annonce de Donald Trump crée une onde de choc pour le secteur automobile tout entier.

Donal Trump n’a, à nouveau, pas fait dans la dentelle. En annonçant, à partir du 2 avril, des droits de douane de 25% sur toutes les voitures fabriquées hors des États-Unis et importées sur le sol américain, le président Donald Trump vient de provoquer un nouveau séisme. La mesure est aussi simple que brutale. Un pavé dans la mare – ou dans le pare-brise.

Le locataire de la Maison-Blanche espère, en fait, relocaliser des activités de production. Il mise sur 600 à 1.000 milliards de dollars de recettes, notamment pour "réduire grandement la dette aux États-Unis". Avec des conséquences sur les constructeurs européens – mais aussi l’ensemble du secteur automobile.

Publicité

En Belgique, ces droits de douanes sont aussi une mauvaise nouvelle pour le site de Volvo Gand, qui exporte une part de sa production aux États-Unis.

Qui est exposé en Europe?

En Europe, ce sont les constructeurs automobiles allemands qui sont les plus susceptibles d’être affectés, Volkswagen en tête, dont les importations sur le sol américain représentent 80% des ventes aux États-Unis. Dans une mesure moindre, mais tout de même, Mercedes-Benz (63%) et BMW (52%) sont également fortement exposés. Ce n'est donc pas une surprise quand le ministre allemand de l'Économie, Robert Habeck, en appelle à une "réponse ferme" de l'Union européenne, ce jeudi.

Car même si la production en Suède, en Italie et en Slovaquie risquent d’être touchées, c’est bien l’Allemagne qui sera la première victime européenne de ces droits de douane: à lui seul, le pays a exporté aux États-Unis pour 24,8 milliards d’euros de véhicules en 2024 – l’Europe toute entière en exporte pour moins de 60 milliards.

Publicité

Aux frontières directes des États-Unis, le Canada et le Mexique, en particulier pourraient connaître des baisses massives de production de 71 et 57% respectivement, selon le CEPII – centre de recherche en économie internationale basé en France. Cela n’a rien d’anodin pour des constructeurs européens tels que Volkswagen et Stellantis, qui ont délocalisé dans ces deux pays une partie significative (40%) de leur production destinée au marché américain, et semblent dès lors particulièrement exposés au conflit commercial.

Publicité

En Belgique, ces droits de douanes sont aussi une mauvaise nouvelle pour le site de Volvo Gand, qui exporte une part de sa production aux États-Unis, en particulier la XC 40, la C40 et la EX40. La production de la EX30, prévue d'ici fin avril à Gand, a, elle aussi, vocation à être en partie exportée aux États-Unis.

L’ACEA rappelle que les constructeurs européens exportent entre 50 et 60% des véhicules qu'ils fabriquent aux États-Unis.

Quelles conséquences aux États-Unis?

"Nous demandons instamment au président Trump de tenir compte de l'impact négatif des droits de douane, non seulement sur les constructeurs automobiles mondiaux, mais aussi sur l'industrie manufacturière américaine, a réagi Sigrid de Vries, directrice général de l’ACEA – association européenne des constructeurs européens, estimant que ces droits de douane "n'auront pas seulement un impact sur les importations aux États-Unis, une pénalité que les consommateurs américains sont susceptibles de payer, mais les mesures sur les pièces automobiles nuiront également aux constructeurs (…) qui produisent des voitures aux États-Unis pour l'exportation".

Publicité

L’ACEA rappelle que les constructeurs européens exportent entre 50 et 60% des véhicules qu'ils fabriquent aux États-Unis, "apportant ainsi une contribution positive substantielle" à la balance commerciale américaine. Pas sûr que Donald Trump sera sensible à l’argument.

270
milliards de dollars
Le déficit américain en matière de commerce de véhicules avoisinait les 270 milliards de dollars en 2023 – près du quart du déficit commercial total des États-Unis.

Des gagnants, dont… Tesla

Des gagnants qui pourraient tirer parti de ces droits de douane imposés par le gouvernement Trump, il devrait y en avoir peu, selon la plupart des observateurs du secteur. Plusieurs noms sont cités, et parmi les marques américaines, on retrouve General Motors, Ford, et Tesla. Ils pourraient voir leur production augmenter – ou leurs modèles devenir plus compétitifs, parce que assemblés essentiellement aux États-Unis. Des gagnants également parmi les constructeurs asiatiques – Hyundai, Subaru et Toyota.

Le président Trump a, en tout cas, cru bon d'assurer ce mercredi que son proche conseiller et CEO de Tesla, Elon Musk, "ne m'a jamais demandé une faveur en affaires, quelle qu'elle soit".

Si le secteur auto tient une place à ce point centrale dans les déclarations et décisions de Donald Trump, c’est que le déficit américain en matière de commerce de véhicules avoisinait les 270 milliards de dollars en 2023 – près du quart du déficit commercial total des États-Unis.

Et pour le reste du secteur?

Reste que pour l'ensemble du secteur automobile, sous-traitants compris, les nouvelles taxes douanières américaines, supposées entrer en vigueur le 3 avril prochain, vont aussi clairement changer la donne.

Si leurs effets restent difficiles à chiffrer, il est tout aussi inimaginable que les équipementiers ne ressentent pas les effets des hausses de taxes: conséquentes baisses de production, évaporations de ristournes du côté des ventes. Melexis , par exemple, spécialiste des capteurs et solutions de microélectroniques dédiés particulièrement au secteur, clôturait en baisse de plus de 3% ce jeudi. Comme une annonce, jusqu'à Bruxelles, de difficultés anticipées bien au-delà des seuls constructeurs automobiles.

Publicité
Les trains devraient majoritairement rester en gare ce lundi, même si la SNCB prévoit un service alternatif.
Grève générale du 31 mars: "Cette grève n'est pas le point final, nous courons un marathon"
Moins de deux mois après son installation, le gouvernement De Wever fait face à une première grève générale. La paralysie de l'économie s'annonce importante, notamment au sud du pays.