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Les économistes étrangers soufflent le chaud et le froid sur le cas belge

Les avis sont partagés quant à l’impact de la crise politique sur la position économique et la crédibilité de la Belgique.

Les avertissements lancés par les agences de notations (Standard & Poor’s et Fitch) ont résonné comme des coups de semonce au sein d’une classe politique belge jusque-là entièrement absorbée par ses querelles communautaires. Aujourd’hui, un an après le dernier scrutin, l’économie belge semble pourtant parmi les mieux loties de la zone euro. Mais qu’en pensent les observateurs étrangers?

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La Belgique est vulnérable en cas de dégradation de la confiance des investisseurs.

D’emblée, il apparaît que les appréciations concernant la position économique de la Belgique varient selon qu’il s’agisse d’analystes anglo-saxons ou européens. Les premiers, auxquels il convient de rattacher les agences de notation, sont en général beaucoup plus alarmistes que les seconds en ce qui concerne les effets de l’immobilisme politique sur l’économie belge. Angélisme chez les continentaux ou pessimisme excessif chez les Anglo-Saxons, incorrigiblement sceptiques à propos de la viabilité de la zone euro?

"La Belgique a bénéficié d’une reprise rapide grâce à sa proximité par rapport à des économies très orientées vers les exportations, comme l’Allemagne et les Pays-Bas", constate Azad Zangana, économiste en charge du suivi de la zone euro chez Schroders, à Londres. La présence des institutions européennes a également joué positivement, selon lui.

L'avertissement lancé par Fitch le 23 mai dernier n'a pas suscité la moindre réaction de la part des marchés.

Mais en ce qui concerne les fondamentaux de l’économie belge, le tableau est nettement moins rose. "L’endettement de la Belgique, atteignant 97% du PIB, est un des plus élevés de la zone euro. Plus inquiétant: la partie de la dette financée sur les marchés internationaux s’élève à 68% du PIB. C’est pourquoi, contrairement à l’Italie et au Japon, la Belgique est nettement plus vulnérable en cas de dégradation généralisée de la confiance des investisseurs."

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D’après l’analyste de Schroders, si la crise de la dette souveraine devait s’étendre à l’Espagne prochainement, la Belgique se retrouverait rapidement dans la ligne de mire des marchés. "Elle doit en effet se refinancer à hauteur de 370 milliards d’euros d’ici fin 2018. Les investisseurs ne manqueraient pas de pointer l’absence de leadership fort, à l’instar de ce qui est arrivé au Portugal et son gouvernement jugé faible."

Le ton est nettement plus rassurant chez Jean-Christophe Caffet, économiste en charge du suivi de la zone euro chez Natixis à Paris. "Comme la France, la Belgique se situe entre le nord et le sud de l’Europe. Contrairement aux pays du sud qui ont subi une désindustrialisation massive, la Belgique a conservé un tissu productif solide. Le pays enregistre en outre des excédents courants de manière assez structurelle."

Ceci étant, Jean-Christophe Caffet admet que notre pays se caractérise par "d’importantes disparités intérieures" entre la Flandre et la Wallonie. "Mais ces disparités ne sont pas à ce point pénalisantes." Elles sont, du reste, en train de se résorber, selon lui. "Les statistiques wallonnes, que ce soit pour les exportations ou la recherche par exemple, montrent que les choses vont en s’améliorant."

La Belgique dans le collimateur des marchés? "Foutaise", répond l’économiste de Natixis, qui en veut pour preuve "l’absence totale de réaction des marchés lors de l’avertissement lancé par l’agence de notation Fitch" le 23 mai dernier.

Reste à voir combien de temps les affaires courantes pourront encore se prolonger sans porter atteinte à la position économique du pays. "C’est sûr que c’est toujours mieux de pouvoir compter sur un gouvernement de plein exercice, mais cela n’empêche pas le gouvernement en affaires courantes de produire un travail sérieux."

L’absence de gouvernement ne permet pas de réformer les pensions ou le financement de la sécurité sociale. "Mais ce sont des enjeux à long terme", relativise Jean-Christophe Caffet. "Faire intervenir ces éléments dans le débat budgétaire à court terme n’a pas vraiment de sens."

Excédents courants

Par rapport à 2009, le gouvernement Leterme est parvenu à ramener le déficit budgétaire de 6% à 4%. "C’est un effort du même ordre que celui réalisé par la France avec un gouvernement de plein exercice", signale l’économiste de Natixis. "Pour 2013, il faudra réduire le déficit à 3%, ce qui semble entièrement faisable."

L’élément clé du débat actuel sur la dette souveraine, selon lui, c’est la position extérieure du pays. Or comme signalé plus haut, la Belgique produit des excédents courants. Hors charges d’intérêt, les finances publiques belges sont dans le vert. "Autrement dit, la Belgique n’a pas besoin du reste du monde pour se financer", conclut Jean-Christophe Caffet.

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