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analyse

Élections 2024: le décret Paysage va-t-il (enfin) enflammer la campagne?

Le bras-de-fer autour du décret Paysage ne change pas la dynamique d'une campagne électorale qui peine à s'animer. ©BELGA

Le bras de fer autour du décret Paysage marque-t-il le vrai départ de la campagne électorale? Nous avons posé la question à deux experts.

Tel ce printemps morose, la campagne électorale peine-t-elle à éclore et à faire voir toutes ses couleurs? C'est un peu le sentiment qui anime les observateurs jusqu'ici. Par rapport à l'enjeu en tout cas: le 9 juin, les citoyens belges doivent renouveler les assemblées parlementaires aux niveaux du Fédéral, des entités fédérées, sans oublier l'hémicycle européen.

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"C'est dans le gouvernement le plus calme jusqu'ici que la campagne s'anime un peu", note le politologue Jean Faniel, qui dirige le Crisp. Mais l'épisode ne modifie pas la dynamique de fond, selon lui. À savoir? Celle d'une "drôle de campagne", que l'on annonçait bouillante et qui reste plutôt tiède.

"Ce sont surtout le monde associatif et les médias qui animent la campagne. Un peu comme s'ils ne voulaient pas tomber dans la fatalité."

Jean Faniel
Politologue

La difficulté de capter l'attention

D'une part, les assemblées parlementaires vont être confrontées à un entonnoir de projets à faire passer avant la fin de leurs travaux, ce qui accapare l'énergie d'une partie du personnel politique. D'autre part, la succession de congés scolaires, avec des périodes différentes au nord et au sud, joue sans doute un rôle. Le 1ᵉʳ mai, souvent une date clé dans les campagnes électorales, tombe cette année pendant les vacances de printemps, pendant lesquelles l'attention du public francophone sera sans doute ailleurs.

Une attention que tentent de capter les partis via les différentes plateformes numériques à leur disposition. Peut-être est-ce là qu'une campagne, plus souterraine, moins palpable, se joue à ce stade? "Je n'en suis pas convaincu. Parce que beaucoup de partis se méfient aujourd'hui davantage des réseaux sociaux et ne vont donc pas tout miser là-dessus."

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Pour se reconnecter à un citoyen que l'on dit dégoûté, de plus en plus éloigné de la politique, prêt à voter pour les extrêmes, le bon vieux porte-à-porte a encore ses adeptes. "Mais on voit que ce sont surtout le monde associatif et les médias qui animent la campagne pour l'heure, avec des grandes interviews, des tests électoraux, etc. Un peu comme s'ils ne voulaient pas tomber dans la fatalité et éviter de devoir se dire au soir du 9 juin: on a vu venir la victoire des extrêmes et on n'a rien fait."

"Le débat démocratique est hystérisé en permanence. La campagne électorale n'est plus qu'une séquence de communication parmi d'autres."

Nicolas Baygert
Professeur de communication politique

L'usure d'une campagne permanente

"Aucun thème ne s'impose naturellement dans cette campagne. Il n'y a pas de maître-achat comme le fut le climat en 2019", ajoute Nicolas Baygert, qui enseigne la communication politique (Ihecs, ULB, SciencesPo Paris).

Pouvoir d'achat, réforme fiscale, du marché du travail... La législature qui s'achève a donné lieu à de nombreux débats sur des thèmes fondamentaux. L'effet de surprise est devenu difficile à créer. "Le débat démocratique est hystérisé en permanence. La campagne électorale n'est plus qu'une séquence de communication parmi d'autres, qui relève davantage d'un travail de marketing", constate Nicolas Baygert.

La législature a été marquée par les conflits entre partenaires de coalition au Fédéral, à Bruxelles et en Flandre en particulier. "Aujourd'hui, aucune coalition ne semble plus convenir à personne. Les exclusives réduisent le champ des possibles. Une forme de désenchantement du modèle s'est installée."

Une usure, une fatigue informationnelle, découlant d'une campagne permanente alimentée par la particip-opposition des partis. Résultat: on tourne en rond, déplore l'expert en communication politique.

"Le jeu démocratique est totalement fermé, stérilisé par la toute-puissance des partis traditionnels. Plein de partis se présentent aux élections, mais ils n'ont pas accès aux médias. Aux Pays-Bas par exemple, c'est complètement différent: le système permet que des alternatives émergent et bousculent l'ordre établi."

Le résumé
  • La crisette autour du décret Paysage donne-t-elle le coup d'envoi de la campagne électorale?
  • Pas sûr. La campagne électorale peine à décoller, notent les observateurs.
  • Plusieurs éléments l'expliquent. Et notamment ceci: l'atmosphère de campagne permanente pendant la législature qui s'achève a fatigué les esprits et vidé les débats.
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