Le nombre de chômeurs indemnisés en nette hausse en Flandre

Les chiffres de l'emploi montrent des signes inquiétants, si l'on suit les chiffres diffusés ce lundi par l'Office national de l'emploi (Onem). Pour la première fois depuis janvier 2021, le nombre de chômeurs indemnisés a augmenté de plus de 5%. En effet, en mars, le nombre de chômeurs indemnisés a bondi de 6,7% par rapport au même mois de l'année précédente. Au total, 295.953 personnes bénéficient d'allocations.

La Flandre particulièrement touchée

Fait marquant: c'est en Flandre que la hausse est de loin la plus forte (+ 12,4%), tandis qu'elle est plus modérée - mais bien réelle - en Wallonie (+2,9%) et à Bruxelles (+5,1%).

Cette annonce intervient alors que plus tôt dans la journée, la Banque nationale publiait des statistiques du PIB plutôt rassurantes pour l'industrie, tandis que d'aucuns craignaient le début d'une hécatombe pour l'emploi, vu l'amoncellement de mauvaises nouvelles sur le front des faillites.

"Il est trop tôt pour faire un lien entre les deux", met en garde Philippe Ledent, économiste chez ING. D'une part, on constate bien une dégradation des chiffres du chômage depuis plusieurs mois. Mais elle semble plutôt se stabiliser si l'on considère les chiffres de l'ensemble des demandeurs d'emploi inoccupés.

Les créations d'emplois se poursuivent

Plus globalement, l'économiste constate que "les signaux sont très compliqués à interpréter sur le marché du travail. La Belgique continue à créer de l'emploi. Mais cela se produit essentiellement dans le secteur non-marchand. Le ralentissement conjoncturel a donc logiquement plus d'impact en Flandre, qui fournit une large part des emplois dans le secteur privé."

D'autre part, les pénuries de main d'œuvre restent importantes. "Il y a un réel problème de 'mismatch' entre l'offre et la demande, et on a du mal à réconcilier le tout."

Il égrène les autres facteurs qui ajoutent du brouillard à la situation: le vieillissement de la population, le nombre de malades de longue durée qui continue à augmenter... "Tout cela perturbe les chiffres de l'emploi. Il faut donc se garder de tout mettre sur le dos de la conjoncture économique", résume Philippe Ledent.

Le chômage temporaire en nette hausse

Reste qu'un autre indicateur publié par l'Onem pose question. Entre mars 2023 et mars 2024, le chômage temporaire a bondi de plus de 60%. Plus de 182.700 travailleurs y ont été contraints, soit 68.500 de plus qu'un an plus tôt. Avec la raréfaction de l'offre d'intérim, ce paramètre est l'autre canari dans la mine annonçant généralement une dégradation sur le front de l'emploi.

Philippe Ledent tempère là aussi: "Ces chiffres sont très volatils. Ceux de mars 2023 étaient exceptionnellement bas. Et les mauvaises conditions climatiques cette année les ont poussé à la hausse." Il n'empêche: il constate une réelle tendance à la hausse depuis plusieurs mois, avec un niveau de chômage temporaire désormais plus élevé qu'avant la pandémie.