Édito | Formation du gouvernement fédéral: deux semaines et une obligation de résultat
L’heure est venue de mettre fin au cirque politique à l’échelon fédéral. Ne pas exploiter la donne issue des élections du 9 juin constituerait une erreur monumentale.
Dans le monde professionnel, l’obligation de résultat n’est pas une chimère. C’est même un concept de droit, lequel impose, par exemple, via un contrat, à un entrepreneur d’effectuer une mission entièrement, sans quoi il s’expose à des sanctions.
Dans notre système démocratique, il est aussi question d’un contrat. Ce dernier associe les citoyens à leurs gouvernants, souvent par le truchement de partis politiques. Les premiers accordent leur confiance aux seconds afin qu’ils gèrent les affaires de l’État. Cette confiance n’est toutefois pas un chèque en blanc. Les électeurs peuvent se servir de leur vote, à échéance plus ou moins régulière, pour exprimer leur satisfaction ou leur rejet d’une politique. Le 9 juin dernier, c’est d’ailleurs ce qu’ils ont fait.
Avec leur suffrage, les citoyens belges ont rebattu les cartes et offert plusieurs options pour gouverner en se passant des extrêmes, Vlaams Belang à droite et PTB à gauche. Malheureusement, 156 jours plus tard, le 16 rue de la Loi ne dispose pas encore d’un nouveau locataire.
Elle nous conduit à penser, ou plutôt à espérer, que les présidents des principaux partis politiques à la manœuvre sont des personnalités responsables.
La coalition Lagon gagne en crédibilité
La prolongation par le souverain de la mission du formateur Bart De Wever (N-VA) ce mardi – et non l’acceptation d’une nouvelle démission - nous donne envie d’être un chouïa optimiste. Elle nous conduit à penser, ou plutôt à espérer, que les présidents des principaux partis politiques à la manœuvre sont des personnalités responsables.
Si la perspective d’une coalition Arizona (81 sièges) s’est éloignée avec le retrait de Vooruit des pourparlers la semaine dernière, celle d’un attelage Lagon (76 sièges et qui associerait N-VA, Open Vld, CD&V, MR, Les Engagés) a gagné en crédibilité malgré sa majorité ténue.
Pas question d’encore attendre des mois pour y parvenir: il est grand temps d’avancer et d’oublier les intérêts particratiques.
Option bazooka
Quant à l’hypothèse de recourir aux pouvoirs spéciaux avec un gouvernement resserré, elle ne suscite pas l’enthousiasme. Pour rappel, ces pouvoirs permettent de confier à l’exécutif des prérogatives qui sont en principe de la compétence du législatif. Ils ont notamment été utilisés en pleine crise économique durant les années 1980 ou plus récemment lors de l’épidémie de Covid-19. Nuance, mais de taille, ces événements étaient dus à des facteurs exogènes et non à des blocages politiques. Or, la situation qui nous occupe aujourd’hui résulte avant tout de l’incapacité des négociateurs à s’entendre sur un programme de coalition.
Au lieu d’évoquer le bazooka des pouvoirs spéciaux, susceptible d’entraîner une contestation sociale intense, les acteurs politiques feraient bien d’œuvrer à surmonter leurs différends. Et pas question d’encore attendre des mois pour y parvenir: il est grand temps d’avancer et d’oublier les intérêts particratiques.
Tenter de convaincre Vooruit d’avancer vers une Arizona reste probablement la meilleure piste disponible. À défaut, bien que moins convaincante, l’option Lagon devra être examinée plus avant. Ces deux scénarios restent en tout cas préférables à une nouvelle crise politique ou un retour aux urnes. La donne claire, issue des élections, constitue une chance: elle nous offre des possibilités. Ne pas les saisir équivaudrait à une erreur monumentale.
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